Publications
Développement et évaluation d’un indice de sécurité nutritionnelle combinant des estimations probabilistes de risques de carences
Publié le 28/12/2020
Br J Nutr. 2020 Dec 18:1-34
Salomé M, Kesse-Guyot E, Fouillet H, Touvier M, Hercberg S, Huneau JF, Mariotti F.
Introduction et but de l’étude : Il existe de nombreux indices de qualité de l’alimentation évaluant l’adhérence aux repères alimentaires, aux références nutritionnelles ou à certains régimes de référence. En revanche, il n’existe pas d’indice évaluant le risque de carence alors que 2 milliards d’individus dans le monde souffrent de carences en micronutriments. L’objectif de cette étude était de développer un indice, le SecDiet, permettant d’évaluer la sécurité nutritionnelle par l’estimation du risque de carences et d’évaluer sa validité apparente.
Matériels et méthodes : Le SecDiet repose sur les apports en 12 nutriments pour lesquels des manifestations cliniques de carences dues à des insuffisances d’apports sont décrites dans la population générale adulte : vitamines A, B1, B2, B3, B9, B12, C, iode, sélénium, zinc, fer, calcium. Pour chacun de ces nutriments, sur la base de la littérature scientifique, un seuil correspondant à l’apport en dessous duquel le risque de carence n’est pas nul a été défini. Le SecDiet agrège les probabilités que l’apport soit supérieur au seuil de carence pour chaque nutriment, et varie de 0 à 1 (1 quand les apports sont suffisants pour éviter toute carence chez un adulte sain). La validité du SecDiet a été évaluée dans deux populations d’étude indépendantes : INCA3 (n=1.774) et NutriNet-Santé (n=104.382). Les associations ont été évaluées entre le score et ses différentes composantes ainsi que des variables sociodémographiques connues pour être d’importants déterminants d’apports faibles en micronutriments. Le comportement du SecDiet a été comparé à celui du PANDiet, un score de qualité globale de l’alimentation de construction similaire mais fondé sur les références nutritionnelles.
Résultats et analyse statistique : Le SecDiet est élevé dans les deux populations d’étude (0,93±0,09 dans INCA3 et 0,96±0,06 dans NutriNet-Santé) indiquant un faible risque de carence au global. Le SecDiet est corrélé à chacune de ses composantes (r=+0,17 à r=+0,78, Ps<0,001), validant qu’aucune carence n’est inutilement considérée. Le SecDiet est associé au revenu du ménage (P=0,002) à l’auto-perception de la situation financière, à la situation professionnelle et aux statuts d’insécurité et d’insuffisance alimentaires (Ps<0,001) dans INCA3 et au revenu du ménage et à la situation professionnelle (Ps<0,001) dans NutriNet-Santé. Dans les populations connues comme étant les plus à risque de carence, le SecDiet présente, contrairement au PANDiet, une distorsion de sa distribution vers la gauche, avec une fraction de la population ayant un SecDiet très bas. Dans NutriNet-Santé, les individus avec un faible SecDiet ont été identifiés (1er décile et 1er centile du SecDiet) et sont plus souvent des femmes, ont moins de 30 ans, sont célibataires et ont un faible revenu (comparé aux individus avec un SecDiet plus élevé, Ps<0,001).
Conclusion : Par rapport aux indices existants, le SecDiet est un nouvel outil permettant d’estimer le risque de carence et qui est sensible aux situations socioéconomiques associées au risque d’insécurité nutritionnelle. Il pourrait être utilisé pour identifier dans de vastes cohortes les individus en insécurité nutritionnelle ou pour étudier les risques nutritionnels associés à des changements de régimes alimentaires.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33334384/
Salomé M, Kesse-Guyot E, Fouillet H, Touvier M, Hercberg S, Huneau JF, Mariotti F.
Introduction et but de l’étude : Il existe de nombreux indices de qualité de l’alimentation évaluant l’adhérence aux repères alimentaires, aux références nutritionnelles ou à certains régimes de référence. En revanche, il n’existe pas d’indice évaluant le risque de carence alors que 2 milliards d’individus dans le monde souffrent de carences en micronutriments. L’objectif de cette étude était de développer un indice, le SecDiet, permettant d’évaluer la sécurité nutritionnelle par l’estimation du risque de carences et d’évaluer sa validité apparente.
Matériels et méthodes : Le SecDiet repose sur les apports en 12 nutriments pour lesquels des manifestations cliniques de carences dues à des insuffisances d’apports sont décrites dans la population générale adulte : vitamines A, B1, B2, B3, B9, B12, C, iode, sélénium, zinc, fer, calcium. Pour chacun de ces nutriments, sur la base de la littérature scientifique, un seuil correspondant à l’apport en dessous duquel le risque de carence n’est pas nul a été défini. Le SecDiet agrège les probabilités que l’apport soit supérieur au seuil de carence pour chaque nutriment, et varie de 0 à 1 (1 quand les apports sont suffisants pour éviter toute carence chez un adulte sain). La validité du SecDiet a été évaluée dans deux populations d’étude indépendantes : INCA3 (n=1.774) et NutriNet-Santé (n=104.382). Les associations ont été évaluées entre le score et ses différentes composantes ainsi que des variables sociodémographiques connues pour être d’importants déterminants d’apports faibles en micronutriments. Le comportement du SecDiet a été comparé à celui du PANDiet, un score de qualité globale de l’alimentation de construction similaire mais fondé sur les références nutritionnelles.
Résultats et analyse statistique : Le SecDiet est élevé dans les deux populations d’étude (0,93±0,09 dans INCA3 et 0,96±0,06 dans NutriNet-Santé) indiquant un faible risque de carence au global. Le SecDiet est corrélé à chacune de ses composantes (r=+0,17 à r=+0,78, Ps<0,001), validant qu’aucune carence n’est inutilement considérée. Le SecDiet est associé au revenu du ménage (P=0,002) à l’auto-perception de la situation financière, à la situation professionnelle et aux statuts d’insécurité et d’insuffisance alimentaires (Ps<0,001) dans INCA3 et au revenu du ménage et à la situation professionnelle (Ps<0,001) dans NutriNet-Santé. Dans les populations connues comme étant les plus à risque de carence, le SecDiet présente, contrairement au PANDiet, une distorsion de sa distribution vers la gauche, avec une fraction de la population ayant un SecDiet très bas. Dans NutriNet-Santé, les individus avec un faible SecDiet ont été identifiés (1er décile et 1er centile du SecDiet) et sont plus souvent des femmes, ont moins de 30 ans, sont célibataires et ont un faible revenu (comparé aux individus avec un SecDiet plus élevé, Ps<0,001).
Conclusion : Par rapport aux indices existants, le SecDiet est un nouvel outil permettant d’estimer le risque de carence et qui est sensible aux situations socioéconomiques associées au risque d’insécurité nutritionnelle. Il pourrait être utilisé pour identifier dans de vastes cohortes les individus en insécurité nutritionnelle ou pour étudier les risques nutritionnels associés à des changements de régimes alimentaires.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33334384/
Influence du contexte urbain sur la relation entre le niveau de précarité l’environnement de résidence et obésité
Publié le 28/12/2020
Soc Sci Med. 2020;265:113537
Feuillet T, Valette JF, Charreire H, Kesse-Guyot E, Julia C, Vernez-Moudon A, Hercberg S, Touvier M, Oppert JM.
L’obésité concerne 17 % des adultes français (7 millions de personnes) et est marquée par un fort gradient social. Des enquêtes ont montré que la prévalence de l’obésité était 4 fois plus élevée dans les ménages aux revenus les plus faibles par rapport à ceux ayant les revenus les plus élevés. Les chercheurs ont voulu comprendre si le cadre de vie (le fait de résider dans certains contextes urbains) peut modifier la relation entre pauvreté et obésité. Les analyses ont porté sur les données obtenues auprès d’un très large échantillon de 68 698 adultes résidant en France et participant à la cohorte Nutrinet-Santé.
Les résultats montrent d’abord que la proportion de personnes en surpoids (IMC = poids/taille² > 25 kg/m2) est très différente en fonction du contexte urbain de résidence. Cette proportion varie ainsi de 22 % à Paris à 39 % dans les communes rurales, en suivant un gradient allant des centres-villes vers les zones les moins densément peuplées.
Ensuite, les analyses confirment à l’échelle du pays que la probabilité pour une personne d’être en situation de surpoids est très fortement liée au niveau de précarité de son environnement de résidence (à une échelle comparable à celle du quartier).
Le résultat le plus intéressant est que cette relation entre la probabilité d’être une personne en surpoids et le niveau de précarité local de l’espace de résidence est très forte dans les banlieues des grandes aires urbaines, moyenne dans les villes-centres, et faible ou nulle dans les contextes peu denses, indiquant là aussi une variation en fonction du contexte urbain.
Ces résultats démontrent que certains facteurs associés à l’obésité, comme l’environnement social des quartiers, répondent à des variations spatiales plus locales. Les données ainsi obtenues peuvent aider aux politiques d’aménagement urbain et de santé publique en identifiant des contextes territoriaux particulièrement à risque qui pourraient être ciblés pour contribuer à lutter contre l’obésité et les inégalités socio-spatiales de santé associées.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33250318/
Feuillet T, Valette JF, Charreire H, Kesse-Guyot E, Julia C, Vernez-Moudon A, Hercberg S, Touvier M, Oppert JM.
L’obésité concerne 17 % des adultes français (7 millions de personnes) et est marquée par un fort gradient social. Des enquêtes ont montré que la prévalence de l’obésité était 4 fois plus élevée dans les ménages aux revenus les plus faibles par rapport à ceux ayant les revenus les plus élevés. Les chercheurs ont voulu comprendre si le cadre de vie (le fait de résider dans certains contextes urbains) peut modifier la relation entre pauvreté et obésité. Les analyses ont porté sur les données obtenues auprès d’un très large échantillon de 68 698 adultes résidant en France et participant à la cohorte Nutrinet-Santé.
Les résultats montrent d’abord que la proportion de personnes en surpoids (IMC = poids/taille² > 25 kg/m2) est très différente en fonction du contexte urbain de résidence. Cette proportion varie ainsi de 22 % à Paris à 39 % dans les communes rurales, en suivant un gradient allant des centres-villes vers les zones les moins densément peuplées.
Ensuite, les analyses confirment à l’échelle du pays que la probabilité pour une personne d’être en situation de surpoids est très fortement liée au niveau de précarité de son environnement de résidence (à une échelle comparable à celle du quartier).
Le résultat le plus intéressant est que cette relation entre la probabilité d’être une personne en surpoids et le niveau de précarité local de l’espace de résidence est très forte dans les banlieues des grandes aires urbaines, moyenne dans les villes-centres, et faible ou nulle dans les contextes peu denses, indiquant là aussi une variation en fonction du contexte urbain.
Ces résultats démontrent que certains facteurs associés à l’obésité, comme l’environnement social des quartiers, répondent à des variations spatiales plus locales. Les données ainsi obtenues peuvent aider aux politiques d’aménagement urbain et de santé publique en identifiant des contextes territoriaux particulièrement à risque qui pourraient être ciblés pour contribuer à lutter contre l’obésité et les inégalités socio-spatiales de santé associées.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33250318/
Association prospective entre la consommation d'aliments biologiques et le risque de diabète de type 2 : résultats de l'étude de cohorte NutriNet-Santé
Publié le 28/12/2020
Int J Behav Nutr Phys Act. 2020 Nov 9;17(1):136
Kesse-Guyot E, Rebouillat P, Payrastre L, Allès B, Fezeu LK, Druesne-Pecollo N, Srour B, Bao W, Touvier M, Galan P, Hercberg S, Lairon D, Baudry J.
Introduction : Alors que le marché des produits bio ne cesse de croitre, peu de travaux ont exploré le lien entre la consommation de produits bio et le risque de diabète. Les études expérimentales suggèrent que l’exposition aux pesticides pourrait induire des désordres métaboliques. Ces relations sont peu documentées chez l’homme. Une étude récente a suggéré une association entre le risque de diabète et les achats d’aliments bio, contenant moins fréquemment et en moindre quantités des résidus de pesticides. Cette étude a pour objectif d’étudier l’association prospective entre la consommation de bio et le risque de diabète de type 2 dans un large échantillon d’adultes français.
Matériel et Méthodes : Au total, 33256 adultes (âge moyen 53 ans (ET=14)) de la cohorte NutriNet-Santé (2014-2018) ont été inclus. Les données ont été recueillies chez 70198 participants de la cohorte NutriNet-Santé ayant complété un questionnaire de fréquence alimentaire permettant d’estimer la part d’aliments bio dans l’alimentation. De nombreux facteurs de confusion ont également été collectés. Les associations entre la consommation de bio (quintiles Q1 à Q5) et le risque de diabète ont été évaluées par des modèles de Cox à risques proportionnels ajustés sur les facteurs de risque (sociodémographiques, de mode de vie, nutritionnels, de santé etc.) estimant des hasards-ratios (HR) et des intervalles de confiance à 95% (IC95%). Le suivi moyen était de 4 ans.
Résultats : Au cours du suivi (moyenne=4,01 ans (ET=1.02)), 293 nouveaux cas de diabète ont été enregistrés. Après ajustement sur les principaux facteurs de confusion, la consommation de bio (Q5 vs Q1) était associée avec une diminution de 35% du risque de diabète de type 2 (IC95%= 0,43-0,97), ptendance = 0,02) ; Une réduction du risque de 3% (P=0.002) par incrément de 5% de la part de bio dans l’alimentation était observée.
L’association était observée chez les femmes mais pas chez les hommes. Concernant la part de bio pour les produits végétaux, le HRQ5 vs Q1 était de 0.77 (IC95%= 0.53-1.12, ptendance =0.01). En revanche, la part de bio pour les produits animaux n’était pas associée au risque de diabète de type 2. Des analyses de sensibilité et par sous-groupe (facteurs modulateurs) ont été conduites afin de tester la robustesse de ces résultats.
Conclusions : Ces résultats suggèrent un rôle bénéfique d’une consommation de produits bio sur le risque de développer un diabète de type 2, en particulier chez les femmes. Ces résultats pourraient être expliqués par les caractéristiques des produits bio dans la mesure où des ajustements sur les modes de vie et en particulier sur les profils alimentaires ont été réalisées. Des études prospectives avec des temps de suivi suffisamment longs et dans d’autres contextes sont nécessaires pour confirmer ces résultats.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33167995/
Kesse-Guyot E, Rebouillat P, Payrastre L, Allès B, Fezeu LK, Druesne-Pecollo N, Srour B, Bao W, Touvier M, Galan P, Hercberg S, Lairon D, Baudry J.
Introduction : Alors que le marché des produits bio ne cesse de croitre, peu de travaux ont exploré le lien entre la consommation de produits bio et le risque de diabète. Les études expérimentales suggèrent que l’exposition aux pesticides pourrait induire des désordres métaboliques. Ces relations sont peu documentées chez l’homme. Une étude récente a suggéré une association entre le risque de diabète et les achats d’aliments bio, contenant moins fréquemment et en moindre quantités des résidus de pesticides. Cette étude a pour objectif d’étudier l’association prospective entre la consommation de bio et le risque de diabète de type 2 dans un large échantillon d’adultes français.
Matériel et Méthodes : Au total, 33256 adultes (âge moyen 53 ans (ET=14)) de la cohorte NutriNet-Santé (2014-2018) ont été inclus. Les données ont été recueillies chez 70198 participants de la cohorte NutriNet-Santé ayant complété un questionnaire de fréquence alimentaire permettant d’estimer la part d’aliments bio dans l’alimentation. De nombreux facteurs de confusion ont également été collectés. Les associations entre la consommation de bio (quintiles Q1 à Q5) et le risque de diabète ont été évaluées par des modèles de Cox à risques proportionnels ajustés sur les facteurs de risque (sociodémographiques, de mode de vie, nutritionnels, de santé etc.) estimant des hasards-ratios (HR) et des intervalles de confiance à 95% (IC95%). Le suivi moyen était de 4 ans.
Résultats : Au cours du suivi (moyenne=4,01 ans (ET=1.02)), 293 nouveaux cas de diabète ont été enregistrés. Après ajustement sur les principaux facteurs de confusion, la consommation de bio (Q5 vs Q1) était associée avec une diminution de 35% du risque de diabète de type 2 (IC95%= 0,43-0,97), ptendance = 0,02) ; Une réduction du risque de 3% (P=0.002) par incrément de 5% de la part de bio dans l’alimentation était observée.
L’association était observée chez les femmes mais pas chez les hommes. Concernant la part de bio pour les produits végétaux, le HRQ5 vs Q1 était de 0.77 (IC95%= 0.53-1.12, ptendance =0.01). En revanche, la part de bio pour les produits animaux n’était pas associée au risque de diabète de type 2. Des analyses de sensibilité et par sous-groupe (facteurs modulateurs) ont été conduites afin de tester la robustesse de ces résultats.
Conclusions : Ces résultats suggèrent un rôle bénéfique d’une consommation de produits bio sur le risque de développer un diabète de type 2, en particulier chez les femmes. Ces résultats pourraient être expliqués par les caractéristiques des produits bio dans la mesure où des ajustements sur les modes de vie et en particulier sur les profils alimentaires ont été réalisées. Des études prospectives avec des temps de suivi suffisamment longs et dans d’autres contextes sont nécessaires pour confirmer ces résultats.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33167995/
Boissons sucrées et édulcorées et maladies cardiovasculaires dans la cohorte NutriNet-Santé
Publié le 10/11/2020
J Am Coll Cardiol. 2020;76(18):2175-2177
Chazelas E, Debras C, Srour B, Fezeu LK, Julia C, Hercberg S, Deschasaux M, Touvier M.
La consommation de boissons sucrées a augmenté dans le monde ces dernières années, tandis que les preuves de leur effet néfaste sur la santé cardiométabolique s'accumulent. Les boissons édulcorées sont commercialisées comme une alternative plus saine, mais leur impact cardiométabolique est actuellement débattu. Nous avons étudié les relations entre la consommation de boissons sucrées, édulcorées et le risque de maladies cardiovasculaires (MCV) dans une large cohorte prospective.
La cohorte française NutriNet-Santé a été lancée en 2009. Des questionnaires en ligne (portant sur l'activité physique, le statut socio-économique, l'anthropométrie) sont régulièrement administrés aux participants. Tous les six mois, les participants sont invités à remplir trois enregistrements alimentaires validés en ligne sur 24 heures (deux au minimum étaient obligatoires). Tous les événements de santé importants signalés par les participants ont été validés sur la base de leur dossier médical. Les données ont également été reliées au système national d'assurance maladie (SNIIRAM) et au registre national de mortalité français (CépiDC). La présente étude s'est concentrée sur les premiers cas incidents d'accident vasculaire cérébral, d'accident ischémique transitoire, d'infarctus du myocarde, de syndrome coronarien aigu et d'angioplastie. Pour chaque type de boisson, trois catégories de consommation ont été définies : non-consommateurs, consommateurs moyens et élevés (séparés par une médiane sexe spécifique parmi les consommateurs). Des modèles de Cox à risque proportionnel à multiples ajustements (âge en échelle de temps) ont été réalisés. Afin de tenir compte du biais de causalité inverse potentiel (particulièrement important pour les boissons édulcorées), les cas survenant au cours des trois premières années de suivi ont été exclus. Les participants ont contribué jusqu'à la date du diagnostic de MCV, du dernier questionnaire rempli, du décès ou du 23 octobre 2019, selon la première éventualité. R® (3.5.2) a été utilisé pour les analyses.
Au total, 104 760 participants ont été inclus [âge moyen de référence = 42,9 ans (ET = 14,6)]. Le nombre moyen de relevés alimentaires était de 5,7 (ET=3,1). L'IMC moyen était de 23,7 kg/m2 (ET=4,5), 17,2 % étaient des fumeurs actuels, 31,7 % avaient des antécédents familiaux de MCV. La prévalence de base du diabète de type 2 était de 1,4 %, l'hypercholestérolémie de 8,0 %, l'hypertension de 8,2 % et l'hypertriglycéridémie de 1,4 %. Au cours du suivi (2009-2019), 1 379 premiers cas incidents de MCV sont apparus. Par rapport aux non-consommateurs, les consommateurs de boissons sucrées et édulcorées étaient plus nombreux à présenter un risque plus élevé de MCV lors du premier incident (HR=1,20, 95 % IC 1,04-1,40, Ptendance=0,009, figure 1) et (HR=1,32, 95 % IC 1,00-1,73, Ptendance=0,03), respectivement.
Les effets des édulcorants sur la santé sont actuellement débattus sur la base de résultats épidémiologiques contradictoires. Les données mécanistes suggèrent divers impacts métaboliques des édulcorants, notamment par la perturbation du microbiote intestinal. Les principaux points forts de cette étude sont la taille importante de l'échantillon, le design prospectif et l'évaluation détaillée et actualisée de la consommation de boissons. Ses limites résident dans la confusion résiduelle potentielle et la causalité inverse. Cependant, nous avons ajusté pour un large éventail de facteurs de confusion et la causalité inverse est limitée après exclusion des cas de MCV précoces. En outre, les boissons sucrées comme les boissons édulcorées ont été associées à un risque de MCV. Les boissons sucrées ont également été associées au risque de cancer dans une analyse précédente.
Dans cette cohorte, des consommations plus importantes de boissons sucrées et édulcorées ont été associées à un risque plus élevé de MCV, ce qui suggère que les boissons édulcorées pourraient ne pas être un substitut sain aux boissons sucrées. Ces données fournissent des arguments supplémentaires pour alimenter le débat actuel sur les taxes, l'étiquetage et la réglementation des boissons sucrées et édulcorées. Pour établir un lien de causalité, il est nécessaire de reproduire ces données dans d'autres cohortes prospectives à grande échelle et de procéder à des études mécanistiques.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33121725/
Chazelas E, Debras C, Srour B, Fezeu LK, Julia C, Hercberg S, Deschasaux M, Touvier M.
La consommation de boissons sucrées a augmenté dans le monde ces dernières années, tandis que les preuves de leur effet néfaste sur la santé cardiométabolique s'accumulent. Les boissons édulcorées sont commercialisées comme une alternative plus saine, mais leur impact cardiométabolique est actuellement débattu. Nous avons étudié les relations entre la consommation de boissons sucrées, édulcorées et le risque de maladies cardiovasculaires (MCV) dans une large cohorte prospective.
La cohorte française NutriNet-Santé a été lancée en 2009. Des questionnaires en ligne (portant sur l'activité physique, le statut socio-économique, l'anthropométrie) sont régulièrement administrés aux participants. Tous les six mois, les participants sont invités à remplir trois enregistrements alimentaires validés en ligne sur 24 heures (deux au minimum étaient obligatoires). Tous les événements de santé importants signalés par les participants ont été validés sur la base de leur dossier médical. Les données ont également été reliées au système national d'assurance maladie (SNIIRAM) et au registre national de mortalité français (CépiDC). La présente étude s'est concentrée sur les premiers cas incidents d'accident vasculaire cérébral, d'accident ischémique transitoire, d'infarctus du myocarde, de syndrome coronarien aigu et d'angioplastie. Pour chaque type de boisson, trois catégories de consommation ont été définies : non-consommateurs, consommateurs moyens et élevés (séparés par une médiane sexe spécifique parmi les consommateurs). Des modèles de Cox à risque proportionnel à multiples ajustements (âge en échelle de temps) ont été réalisés. Afin de tenir compte du biais de causalité inverse potentiel (particulièrement important pour les boissons édulcorées), les cas survenant au cours des trois premières années de suivi ont été exclus. Les participants ont contribué jusqu'à la date du diagnostic de MCV, du dernier questionnaire rempli, du décès ou du 23 octobre 2019, selon la première éventualité. R® (3.5.2) a été utilisé pour les analyses.
Au total, 104 760 participants ont été inclus [âge moyen de référence = 42,9 ans (ET = 14,6)]. Le nombre moyen de relevés alimentaires était de 5,7 (ET=3,1). L'IMC moyen était de 23,7 kg/m2 (ET=4,5), 17,2 % étaient des fumeurs actuels, 31,7 % avaient des antécédents familiaux de MCV. La prévalence de base du diabète de type 2 était de 1,4 %, l'hypercholestérolémie de 8,0 %, l'hypertension de 8,2 % et l'hypertriglycéridémie de 1,4 %. Au cours du suivi (2009-2019), 1 379 premiers cas incidents de MCV sont apparus. Par rapport aux non-consommateurs, les consommateurs de boissons sucrées et édulcorées étaient plus nombreux à présenter un risque plus élevé de MCV lors du premier incident (HR=1,20, 95 % IC 1,04-1,40, Ptendance=0,009, figure 1) et (HR=1,32, 95 % IC 1,00-1,73, Ptendance=0,03), respectivement.
Les effets des édulcorants sur la santé sont actuellement débattus sur la base de résultats épidémiologiques contradictoires. Les données mécanistes suggèrent divers impacts métaboliques des édulcorants, notamment par la perturbation du microbiote intestinal. Les principaux points forts de cette étude sont la taille importante de l'échantillon, le design prospectif et l'évaluation détaillée et actualisée de la consommation de boissons. Ses limites résident dans la confusion résiduelle potentielle et la causalité inverse. Cependant, nous avons ajusté pour un large éventail de facteurs de confusion et la causalité inverse est limitée après exclusion des cas de MCV précoces. En outre, les boissons sucrées comme les boissons édulcorées ont été associées à un risque de MCV. Les boissons sucrées ont également été associées au risque de cancer dans une analyse précédente.
Dans cette cohorte, des consommations plus importantes de boissons sucrées et édulcorées ont été associées à un risque plus élevé de MCV, ce qui suggère que les boissons édulcorées pourraient ne pas être un substitut sain aux boissons sucrées. Ces données fournissent des arguments supplémentaires pour alimenter le débat actuel sur les taxes, l'étiquetage et la réglementation des boissons sucrées et édulcorées. Pour établir un lien de causalité, il est nécessaire de reproduire ces données dans d'autres cohortes prospectives à grande échelle et de procéder à des études mécanistiques.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33121725/
L'association entre Neu5Gc et anticorps anti-Neu5Gc pourrait être un mécanisme d'action impliqué dans le cancer : étude française NutriNet-Santé
Publié le 10/11/2020
BMC Med. 2020 Sep 23;18(1):262.
Bashir S, Fezeu LK, Leviatan Ben-Arye S, Yehuda S, Reuven EM, Szabo de Edelenyi F, Fellah-Hebia I, Le Tourneau T, Imbert-Marcille BM, Drouet EB, Touvier M, Roussel JC, Yu H, Chen X, Hercberg S, Cozzi E, Soulillou JP, Galan P, Padler-Karavani V.
Contexte : Une consommation élevée de viande rouge et transformée est généralement associée à un risque accru de cancer, en particulier de cancer colorectal. Les anticorps contre l'acide N-glycolylneuraminique (Neu5Gc) glucidique, dérivé de la viande rouge, exacerbent le cancer chez les souris. Des études suggèrent que les IgG humaines anti-Neu5Gc et la viande rouge augmentent indépendamment le risque de cancer ; le mécanisme d’action par lequel l’alimentation affecte ces anticorps est largement inconnue.
Méthodes : Nous avons utilisé des données mondiales pour mettre en évidence une association entre la consommation nationale accrue de viande et l'incidence et la mortalité par cancer colorectal. A partir d’une grande cohorte bien définie, nous avons utilisé des glycomiques pour mesurer l'apport quotidien de Neu5Gc provenant de la viande rouge et des produits laitiers, et avons étudié le sérum ainsi que les anticorps anti-Neu5Gc purifiés par affinité. Sur la base des enregistrements alimentaires de 24 h, l'apport quotidien de Neu5Gc a été calculé pour 19 621 sujets âgés de ≥ 18 ans de l'étude NutriNet-Santé. Le sérum et les anticorps anti-Neu5Gc purifiés par affinité ont été évalués par ELISA et des micropuces de glycane chez 120 individus représentatifs, chacun ayant au moins dix-huit enregistrements alimentaires sur 24 h (âgés de 45 à 60 ans, Q1-Q4; âgés de> 60 ans, Q1 et Q4; 10 hommes / femmes par quartile).
Résultats : Nous avons constaté que le régime alimentaire riche en Neu5Gc, le sexe et l'âge affectaient la spécificité, les niveaux et les répertoires des réponses immunitaires IgG anti-Neu5Gc, mais pas leur affinité. Les hommes consommaient plus de Neu5Gc que les femmes, principalement en provenance la de viande rouge (p = 0,0015), et présentaient des taux sériques globaux d'IgG anti-Neu5Gc plus élevés par ELISA (3,94 ng / μl contre 2,22 ng / μl, respectivement; p = 0,039). Une analyse détaillée des microréseaux de glycane contre 56 glycanes différents a révélé une spécificité élevée de Neu5Gc avec une augmentation des IgG anti-Neu5Gc et des répertoires modifiés, associés à une consommation plus élevée de Neu5Gc provenant de la viande rouge et des produits laitiers de vache. La purification par affinité des anticorps sériques anti-Neu5Gc a révélé des niveaux accrus et des modèles de répertoire de matrice biaisés, sans augmentation de l'affinité des anticorps, chez les individus consommant des niveaux de Neu5Gc plus élevés. En outre, dans un régime riche en viande, les modèles de diversité d'anticorps sur les puces à ADN de glycane se sont déplacés vers les glycanes liés à Neu5Gcα3, augmentant le score du rapport α3 / α6-glycanes.
Conclusion : Nous avons trouvé un lien clair entre les niveaux et le répertoire des apports sériques d'IgG anti-Neu5Gc et de Neu5Gc provenant de la viande rouge et des produits laitiers. Ces méthodologies rationnelles précises ont permis de développer un index Gcemic pour simplifier l'évaluation de Neu5Gc dans les aliments qui pourraient potentiellement être adaptés pour des recommandations nutritionnelles dans le but de réduire le risque de cancer.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32962714/
Bashir S, Fezeu LK, Leviatan Ben-Arye S, Yehuda S, Reuven EM, Szabo de Edelenyi F, Fellah-Hebia I, Le Tourneau T, Imbert-Marcille BM, Drouet EB, Touvier M, Roussel JC, Yu H, Chen X, Hercberg S, Cozzi E, Soulillou JP, Galan P, Padler-Karavani V.
Contexte : Une consommation élevée de viande rouge et transformée est généralement associée à un risque accru de cancer, en particulier de cancer colorectal. Les anticorps contre l'acide N-glycolylneuraminique (Neu5Gc) glucidique, dérivé de la viande rouge, exacerbent le cancer chez les souris. Des études suggèrent que les IgG humaines anti-Neu5Gc et la viande rouge augmentent indépendamment le risque de cancer ; le mécanisme d’action par lequel l’alimentation affecte ces anticorps est largement inconnue.
Méthodes : Nous avons utilisé des données mondiales pour mettre en évidence une association entre la consommation nationale accrue de viande et l'incidence et la mortalité par cancer colorectal. A partir d’une grande cohorte bien définie, nous avons utilisé des glycomiques pour mesurer l'apport quotidien de Neu5Gc provenant de la viande rouge et des produits laitiers, et avons étudié le sérum ainsi que les anticorps anti-Neu5Gc purifiés par affinité. Sur la base des enregistrements alimentaires de 24 h, l'apport quotidien de Neu5Gc a été calculé pour 19 621 sujets âgés de ≥ 18 ans de l'étude NutriNet-Santé. Le sérum et les anticorps anti-Neu5Gc purifiés par affinité ont été évalués par ELISA et des micropuces de glycane chez 120 individus représentatifs, chacun ayant au moins dix-huit enregistrements alimentaires sur 24 h (âgés de 45 à 60 ans, Q1-Q4; âgés de> 60 ans, Q1 et Q4; 10 hommes / femmes par quartile).
Résultats : Nous avons constaté que le régime alimentaire riche en Neu5Gc, le sexe et l'âge affectaient la spécificité, les niveaux et les répertoires des réponses immunitaires IgG anti-Neu5Gc, mais pas leur affinité. Les hommes consommaient plus de Neu5Gc que les femmes, principalement en provenance la de viande rouge (p = 0,0015), et présentaient des taux sériques globaux d'IgG anti-Neu5Gc plus élevés par ELISA (3,94 ng / μl contre 2,22 ng / μl, respectivement; p = 0,039). Une analyse détaillée des microréseaux de glycane contre 56 glycanes différents a révélé une spécificité élevée de Neu5Gc avec une augmentation des IgG anti-Neu5Gc et des répertoires modifiés, associés à une consommation plus élevée de Neu5Gc provenant de la viande rouge et des produits laitiers de vache. La purification par affinité des anticorps sériques anti-Neu5Gc a révélé des niveaux accrus et des modèles de répertoire de matrice biaisés, sans augmentation de l'affinité des anticorps, chez les individus consommant des niveaux de Neu5Gc plus élevés. En outre, dans un régime riche en viande, les modèles de diversité d'anticorps sur les puces à ADN de glycane se sont déplacés vers les glycanes liés à Neu5Gcα3, augmentant le score du rapport α3 / α6-glycanes.
Conclusion : Nous avons trouvé un lien clair entre les niveaux et le répertoire des apports sériques d'IgG anti-Neu5Gc et de Neu5Gc provenant de la viande rouge et des produits laitiers. Ces méthodologies rationnelles précises ont permis de développer un index Gcemic pour simplifier l'évaluation de Neu5Gc dans les aliments qui pourraient potentiellement être adaptés pour des recommandations nutritionnelles dans le but de réduire le risque de cancer.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32962714/
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