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Boissons sucrées et édulcorées et maladies cardiovasculaires dans la cohorte NutriNet-Santé

Publié le 10/11/2020
J Am Coll Cardiol. 2020;76(18):2175-2177
Chazelas E, Debras C, Srour B, Fezeu LK, Julia C, Hercberg S, Deschasaux M, Touvier M.

La consommation de boissons sucrées a augmenté dans le monde ces dernières années, tandis que les preuves de leur effet néfaste sur la santé cardiométabolique s'accumulent. Les boissons édulcorées sont commercialisées comme une alternative plus saine, mais leur impact cardiométabolique est actuellement débattu. Nous avons étudié les relations entre la consommation de boissons sucrées, édulcorées et le risque de maladies cardiovasculaires (MCV) dans une large cohorte prospective. 
  
La cohorte française NutriNet-Santé a été lancée en 2009. Des questionnaires en ligne (portant sur l'activité physique, le statut socio-économique, l'anthropométrie) sont régulièrement administrés aux participants. Tous les six mois, les participants sont invités à remplir trois enregistrements alimentaires validés en ligne sur 24 heures (deux au minimum étaient obligatoires). Tous les événements de santé importants signalés par les participants ont été validés sur la base de leur dossier médical. Les données ont également été reliées au système national d'assurance maladie (SNIIRAM) et au registre national de mortalité français (CépiDC). La présente étude s'est concentrée sur les premiers cas incidents d'accident vasculaire cérébral, d'accident ischémique transitoire, d'infarctus du myocarde, de syndrome coronarien aigu et d'angioplastie. Pour chaque type de boisson, trois catégories de consommation ont été définies : non-consommateurs, consommateurs moyens et élevés (séparés par une médiane sexe spécifique parmi les consommateurs). Des modèles de Cox à risque proportionnel à multiples ajustements (âge en échelle de temps) ont été réalisés. Afin de tenir compte du biais de causalité inverse potentiel (particulièrement important pour les boissons édulcorées), les cas survenant au cours des trois premières années de suivi ont été exclus. Les participants ont contribué jusqu'à la date du diagnostic de MCV, du dernier questionnaire rempli, du décès ou du 23 octobre 2019, selon la première éventualité. R® (3.5.2) a été utilisé pour les analyses.

Au total, 104 760 participants ont été inclus [âge moyen de référence = 42,9 ans (ET = 14,6)]. Le nombre moyen de relevés alimentaires était de 5,7 (ET=3,1). L'IMC moyen était de 23,7 kg/m2 (ET=4,5), 17,2 % étaient des fumeurs actuels, 31,7 % avaient des antécédents familiaux de MCV. La prévalence de base du diabète de type 2 était de 1,4 %, l'hypercholestérolémie de 8,0 %, l'hypertension de 8,2 % et l'hypertriglycéridémie de 1,4 %. Au cours du suivi (2009-2019), 1 379 premiers cas incidents de MCV sont apparus. Par rapport aux non-consommateurs, les consommateurs de boissons sucrées et édulcorées étaient plus nombreux à présenter un risque plus élevé de MCV lors du premier incident (HR=1,20, 95 % IC 1,04-1,40, Ptendance=0,009, figure 1) et (HR=1,32, 95 % IC 1,00-1,73, Ptendance=0,03), respectivement.

Les effets des édulcorants sur la santé sont actuellement débattus sur la base de résultats épidémiologiques contradictoires. Les données mécanistes suggèrent divers impacts métaboliques des édulcorants, notamment par la perturbation du microbiote intestinal. Les principaux points forts de cette étude sont la taille importante de l'échantillon, le design prospectif et l'évaluation détaillée et actualisée de la consommation de boissons. Ses limites résident dans la confusion résiduelle potentielle et la causalité inverse. Cependant, nous avons ajusté pour un large éventail de facteurs de confusion et la causalité inverse est limitée après exclusion des cas de MCV précoces. En outre, les boissons sucrées comme les boissons édulcorées ont été associées à un risque de MCV. Les boissons sucrées ont également été associées au risque de cancer dans une analyse précédente. 

Dans cette cohorte, des consommations plus importantes de boissons sucrées et édulcorées ont été associées à un risque plus élevé de MCV, ce qui suggère que les boissons édulcorées pourraient ne pas être un substitut sain aux boissons sucrées. Ces données fournissent des arguments supplémentaires pour alimenter le débat actuel sur les taxes, l'étiquetage et la réglementation des boissons sucrées et édulcorées. Pour établir un lien de causalité, il est nécessaire de reproduire ces données dans d'autres cohortes prospectives à grande échelle et de procéder à des études mécanistiques.

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33121725/

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