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Association prospective entre l’adhérence au régime EAT-Lancet et les variations de poids, l'incidence de surpoids d'obésité dans une cohorte française

Publié le 16/09/2025
Florine Berthy, Hafsa Toujgani, Pauline Duquenne, Léopold K Fezeu, Denis Lairon, Philippe Pointereau, Mathilde Touvier, Serge Hercberg, Pilar Galan, Benjamin Allès, Julia Baudry, Emmanuelle Kesse-Guyot

Berthy F, Toujgani H, Duquenne P, Fezeu LK, Lairon D, Pointereau P, Touvier M, Hercberg S, Galan P, Allès B, Baudry J, Kesse-Guyot E. Prospective association of the EAT-Lancet reference diet with body weight changes and incidence of overweight and obesity in a French cohort. Am J Clin Nutr. 2025 Aug;122(2):450-459. doi: 10.1016/j.ajcnut.2025.06.013. Epub 2025 Jun 17. PMID: 40553762.

L’obésité est un enjeu majeur de santé publique à l’échelle mondiale. Face aux défis sanitaires et environnementaux liés aux habitudes alimentaires, la Commission EAT-Lancet a élaboré des recommandations pour définir un régime alimentaire planétaire favorisant la santé.

La présente étude vise à examiner l’association entre le régime de référence EAT-Lancet et l’évolution du poids corporel, ainsi que les incidences de surpoids (IMC ≥ 25 kg/m²) et d’obésité (IMC ≥ 30 kg/m²), dans une large cohorte française.

L’étude a analysé les données de 51711 adultes participant à la cohorte française NutriNet-Santé entre 2009 et 2023. L’exposition a été mesurée par le niveau d’adhésion au régime de référence EAT-Lancet, évalué au moyen de l’Indice de Régime EAT-Lancet (ELD-I) développé à l’EREN, classé en quintiles spécifiques au sexe et en tant que variable continue.

La relation entre le ELD-I et l’évolution du poids corporel a été étudiée à l’aide de modèles linéaires mixtes multivariables. Pour les incidences de surpoids et d’obésité, des modèles de Cox à risques proportionnels ont été utilisés.

Au cours du suivi (médiane = 8,7 ans), 4250 personnes ont développé un surpoids et 1604 une obésité. Nous avons observé une association inverse entre le niveau d’adhésion à l’ELD-I et la prise de poids (en kg) (βQ5×temps = -0,18 ; IC à 95 % : -0,20, -0,16 ; p < 0,0001).

Un niveau plus élevé d’adhésion à l’ELD-I était associé à un risque moindre de développer un surpoids (HRQ5 par rapport à Q1 : 0,60 ; IC à 95 % : 0,54, 0,66 ; p-trend < 0,0001) et une obésité (HRQ5 par rapport à Q1 : 0,54 ; IC à 95 % : 0,45, 0,63 ; p-trend < 0,0001) durant le suivi.

Cette étude prospective a montré qu’une adhésion renforcée au régime de référence EAT-Lancet est associée à un poids corporel plus faible et à une réduction des risques de surpoids et d’obésité. Ainsi, promouvoir un régime alimentaire durable riche en produits végétaux, plus respectueux de l’environnement semble être une stratégie efficace pour relever le défi mondial de la santé publique qu’est l’obésité.

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Pour être respectueux du climat, les recommandations alimentaires doivent inclure des limites à la consommation totale de viande – en s'inspirant du cas de la France

Publié le 16/09/2025
Emmanuelle Kesse-Guyot, Julia Baudry, Justine Berlivet, Elie Perraud, Chantal Julia, Mathilde Touvier, Benjamin Allès, Denis Lairon, Serge Hercberg, Hélène Fouillet, Philippe Pointereau, François Mariotti

Kesse-Guyot E, Baudry J, Berlivet J, Perraud E, Julia C, Touvier M, Allès B, Lairon D, Hercberg S, Fouillet H, Pointereau P, Mariotti F. To be climate-friendly, food-based dietary guidelines must include limits on total meat consumption - modeling from the case of France. Int J Behav Nutr Phys Act. 2025 Jul 9;22(1):95. doi: 10.1186/s12966-025-01786-9. PMID: 40634968; PMCID: PMC12239361.

Contexte
Bien que les recommandations alimentaires (RA) incluent des seuils limites maximaux pour la consommation de viande, elles n’intègrent généralement pas explicitement des considérations environnementales. Par exemple, en France, les RA recommandent de ne pas consommer plus de 500 g de viande rouge et 150 g de viande transformée par semaine. Cette étude utilise la modélisation sous contraintes pour explorer la gamme d’émissions de gaz à effet de serre (GES) pouvant être atteinte en respectant ces recommandations.

Méthodes
L’étude a analysé des données recueillies en 2014 auprès de 29 413 participants du NutriNet-Santé afin d’évaluer leur conformité aux RA françaises. Les émissions de GES, la demande énergétique cumulative et l’occupation des sols pour les aliments biologiques et conventionnels ont été extraites de la base de données DIALECTE. Dans un premier temps, des régimes alimentaires respectant les références nutritionnelles (couverture des besoins en nutriments), culturellement acceptables et conformes aux RA ont été modélisés en minimisant ou maximisant les émissions de GES. Ensuite, l’éventail des régimes entre le minimum et le maximum d’émissions a été exploré tout en minimisant la déviation totale par rapport au régime observé, avec une contrainte progressive sur les émissions de GES, en conservant les autres contraintes. Des critères environnementaux, économiques (coût monétaire), nutritionnels et de santé (score de risque pour la santé à long terme lié au régime) ont été estimés pour chaque régime.

Résultats
L’adéquation moyenne observée aux RA était faible (19 %, écart-type=25 %) et les émissions de GES s’élevaient en moyenne à 4,34 kgCO2eq/jour (écart-type=2,7 %). Sous contraintes nutritionnelles, d’acceptabilité et de conformité aux RA, la gamme d’émissions de GES des régimes variait de 1,16 à 6,99 kgCO2eq/jour, dépendant jusqu’à environ 85 % du niveau de consommation de viande. 
Une tendance similaire a été observée pour la demande en énergie, l’occupation des sols et le score de risque pour la santé, mais les coûts étaient systématiquement plus élevés que dans le régime observé, avec une forme en U. 
Une proportion plus importante d’aliments biologiques était présente dans le régime à faibles émissions alors que cette proportion était faible dans le régime riche en viande et à fortes émissions. Pour des régimes iso-énergétiques, celui avec les émissions les plus faibles comportait davantage de légumes, de produits céréaliers complets et d’analogues végétaux.

Conclusions
Alors que les recommandations alimentaires françaises contribuent, en moyenne, à atténuer le changement climatique et à promouvoir la santé, cette étude met en évidence des leviers dans la consommation alimentaire recommandée pour réduire plus efficacement les émissions de GES des régimes et souligne que la viande totale constitue un enjeu crucial pour mieux prendre en compte la pression exercée sur le climat. D’autres pressions environnementales devraient également être considérées lors de l’élaboration des recommandations alimentaires.

Points forts :
  • La moyenne des émissions de gaz à effet de serre des régimes observés était de 4,34 kgCO2eq/j (écart-type = 2,70), avec une consommation énergétique de 2080 Kcal/j.
  • Le régime qui se rapprochait le plus du régime observé, tout en respectant les contraintes nutritionnelles et d’acceptabilité, avait des émissions de 5,15 kgCO2eq/j.
  • Les régimes modélisés respectant les recommandations alimentaires ainsi que les contraintes nutritionnelles et d’acceptabilité avaient des émissions comprises entre 1,16 kgCO2eq/j et 6,99 kgCO2eq/j.
  • Tous les régimes modélisés présentaient une consommation accrue de fruits, d’huiles végétales, de légumineuses et de produits à base de grains entiers.
  • Les régimes minimisant et maximisant les émissions de gaz à effet de serre, ainsi que la gamme de régimes intermédiaires, différaient notamment par leur consommation de bœuf/agneau, de céréales raffinées, de fruits, de porc et de produits de snacking.
  • La quantité de viande, en particulier de bœuf/agneau, expliquait la majeure partie (jusqu’à environ 85 %) de la différence d’émissions de gaz à effet de serre entre les modèles.
  • La consommation totale de viande diminuait progressivement dans les modèles imposant une réduction des émissions de gaz à effet de serre.

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Alimentation à base de végétaux, légumineuses et prévalence des facteurs de risque cardiométaboliques dans la cohorte NutriNet-Santé

Publié le 18/08/2025
Fie Langmann, Clémentine Prioux, Mathilde Touvier, Emmanuelle Kesse-Guyot, Léopold K Fezeu, Julia Baudry, Christina C Dahm, Benjamin Allès

Langmann F, Prioux C, Touvier M, Kesse-Guyot E, Fezeu LK, Baudry J, Dahm CC, Allès B. Plant-based diets, legumes, and prevalence of cardiometabolic risk factors in the NutriNet-Santé cohort. Eur J Nutr. 2025 May 30;64(5):193. doi: 10.1007/s00394-025-03722-w. PMID: 40445244.

Les légumineuses sont des aliments riches en protéines, bénéfiques pour la santé et à faible impact environnemental. Cette étude a examiné les associations entre la consommation de légumineuses, isolément ou dans le cadre de régimes alimentaires à base de végétaux, et les facteurs de risque cardiométaboliques.

Cette étude transversale a utilisé un sous-échantillon de la cohorte NutriNet-Santé ayant complété trois enregistrements alimentaires de 24 heures à l’inscription et ayant bénéficié d’examens cliniques et biologiques. Les associations entre la consommation de légumineuses et un faible taux de cholestérol HDL (dit « bon » cholestérol »), un tour de taille élevé, une pression artérielle élevée, une glycémie élevée, des triglycérides sériques élevés, un cholestérol total ou un cholestérol LDL (dit « mauvais » cholestérol) élevé ont été estimées par des modèles statistiques. Ces derniers tenaient compte de nombreuses caractéristiques sociodémographiques, de mode de vie mais aussi des antécédents familiaux. Les associations avec deux indicateurs reflétant des régimes alimentaires à base de végétaux favorables ou moins favorables à la santé ont été étudiées selon deux groupes séparant les plus fortes consommatrices et forts consommateurs d’aliments ultra-transformés, et deux groupes de genre.

Une consommation élevée de légumineuses, comparée à une faible consommation, n’était pas significativement associée à la probabilité de présenter un faible taux de cholestérol HDL, un tour de taille élevé, une pression artérielle élevée, une glycémie élevée, un taux de triglycérides élevés, de cholestérol total ou de cholestérol LDL. En revanche, l’adhésion à un régime alimentaire favorable à la santé à base de végétaux était associée à une plus faible probabilité de présenter tous les facteurs de risque évoqués précédemment. Les associations n’étaient pas modifiées par la consommation d’aliments ultra-transformés ni par le sexe.

Les régimes alimentaires riches en légumineuses, céréales complètes, fruits, légumes et fruits à coque étaient associés à une plus faible probabilité de présenter des facteurs de risque cardiométaboliques, alors que la consommation de légumineuses prise isolément ne l’était pas. Le niveau de consommation de légumineuses reste relativement bas dans ce sous-échantillon de la cohorte NutriNet-Santé, ce qui rend complexe l’observation de potentiels effets bénéfiques sur la santé. Enfin, ces travaux appuient l’importance de considérer l’alimentation dans son ensemble pour étudier les liens nutrition et facteurs de risques cardiométaboliques.

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L'alcool, le tabagisme et leur synergie en tant que facteurs de risque de diabète de type 2 incident

Publié le 18/08/2025
Indira Paz-Graniel, Junko Kose, Pauline Duquenne, Nancy Babio, Jordi Salas-Salvado, Serge Hercberg, Pilar Galan, Mathilde Touvier, Leopold K Fezeu, Valentina A Andreeva

Paz-Graniel I, Kose J, Duquenne P, Babio N, Salas-Salvadó J, Hercberg S, Galan P, Touvier M, Fezeu LK, Andreeva VA. Alcohol, smoking and their synergy as risk factors for incident Type 2 Diabetes. Am J Prev Med. 2025 Jul 31:108011. doi: 10.1016/j.amepre.2025.108011. Epub ahead of print. PMID: 40752888.

Introduction
Le tabagisme a été indépendamment lié à un risque accru de diabète de type 2 (DT2), tandis que le rôle de l'alcool demeure controversé. L'impact combiné de la consommation de tabac et d'alcool sur le risque de DT2 est sous-étudié. Cette étude a analysé les effets individuels et combinés du tabagisme et de l'alcool sur le risque de DT2.

Méthodes
Les données de 110 076 participants de la cohorte NutriNet-Santé (2009-2023), sans DT2 au départ et ayant des données sur l'alcool et le tabagisme, ont été analysées. Des modèles de régression de Cox multivariée ont évalué l'association de la consommation d'alcool (<2 vs. ≥2 portions/jour, <10 vs. ≥10 portions/semaine, grammes/jour d'éthanol) et du tabagisme (jamais vs. ancien/actuel fumeur) avec le risque de DT2. Les effets combinés du tabagisme intensif (≥20 cigarettes/jour) et de la consommation excessive d'alcool (>8 et >15 portions/semaine pour les femmes et les hommes, respectivement) ont également été évalués.

Résultats
Au cours de 7,5 années de suivi (820 470 années-personnes), 1 175 cas de DT2 ont été identifiés. La consommation d'alcool, y compris une consommation excessive, n'était pas significativement associée au risque de DT2. Les personnes ayant déjà fumé ou fumant actuellement avaient un risque de DT2 supérieur de 36 % par rapport à celles n'ayant jamais fumé (HR : 1,36 ; IC à 95 % : 1,20-1,53). Ceux qui fumaient de manière excessive avaient plus de deux fois le risque de ceux qui fumaient légèrement ou modérément (HR : 2,10 ; IC à 95 % : 1,46–3,02). L'exposition combinée au tabagisme et à une forte consommation d'alcool n'a pas augmenté de manière significative le risque de DT2 (HR : 1,11 ; IC à 95 % : 0,95–1,29).

Conclusions
Ces résultats soutiennent l'hypothèse que le tabagisme est un facteur de risque indépendant pour le DT2 et montrent que la consommation d'alcool n'apporte aucune protection. L'effet combiné de l'alcool et du tabac sur le risque de DT2 et les mécanismes sous-jacents à cette relation devraient être étudiés de manière plus approfondie.

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L'alimentation consciente est associée à une alimentation davantage végétalisée dans l'étude NutriNet-Santé

Publié le 11/08/2025
Pauline Paolassini-Guesnier, Marion Van Beekum, Emmanuelle Kesse-Guyot, Julia Baudry, Rebecca Shankland, Angélique Rodhain, Alice Bellicha, Christophe Leys,
Serge Hercberg, Mathilde Touvier, Benjamin Allès & Sandrine Péneau

Paolassini-Guesnier P, Van Beekum M, Kesse-Guyot E, Baudry J, Shankland R, Rodhain A, Bellicha A, Leys C, Hercberg S, Touvier M, Allès B, Péneau S. Mindful eating is associated with a healthier plant-based diet in the NutriNet-Santé study. Sci Rep. 2025 Jun 6;15(1):19928. doi: 10.1038/s41598-025-02195-5. PMID: 40481021; PMCID: PMC12144130.

Introduction et but de l’étude : L'alimentation consciente (AC) peut être globalement définie comme le fait de prêter attention à l'expérience alimentaire avec tous ses sens, et d'être témoin des réactions émotionnelles et physiques qui surviennent avant, pendant, et après l'expérience alimentaire, sans jugement ni réaction. Des données scientifiques suggèrent que ce concept pourrait être une approche efficace pour promouvoir des consommations alimentaires végétalisées favorables à la santé et l'environnement. Toutefois, la littérature ne contient que peu de données sur la relation entre l'AC et ces régimes végétalisés. Cette étude transversale avait pour objectif d’étudier l'association entre l'AC et les consommations alimentaires végétalisées.

Matériels et méthodes : En 2023, 13 768 participants de l’étude NutriNet-Santé ont rempli l'échelle Mind-Eat, qui évalue l'AC (totale et sous-dimensions), ainsi qu'au moins trois enregistrements alimentaires de 24 heures, et un questionnaire de choix alimentaires. La contribution des aliments d'origine végétale a été évaluée à l'aide des scores Plant-based Diet Index (PDI), healthy PDI (hPDI), et unhealthy PDI (uPDI). Les participants ont été classés en cinq groupes : les grands consommateurs de viande, les petits consommateurs de viande, les pesco-végétariens, les végétariens, et les végétaliens/végans. Des régressions linéaires et logistiques multivariables ont été effectuées pour analyser l'association entre l'AC (variable indépendante), et les scores PDI, hPDI et uPDI, les proportions de viande, de poisson, et de produits laitiers dans le régime alimentaire, et les 5 groupes de régime, (variables dépendantes), et ce en tenant compte des facteurs sociodémographiques et de mode de vie.

Résultats : L’AC était positivement associée au PDI (β=1,19; 95%IC: 0,98, 1,41) et au hPDI (β=1,00; 95%IC: 0,76, 1,24), et négativement au uPDI (β= -0,48; 95%IC: -0,70, -0,27), à la consommation de viande (β= -0,63; 95%IC: -0,76, -0,50), et de produits laitiers (β= -0,86; 95%IC: -1,14, -0,58) . Les individus ayant des niveaux plus élevés d’AC étaient plus à même d’être des petits consommateurs de viande (OR=1,13; 95%IC: 1,04, 1,23), pesco-végétariens (OR=1,56.; 95%IC: 1,33, 1,83), végétariens (OR=2,19.; 95%IC: 1,57, 3,05), ou végétaliens/végans (OR=1,35.; 95%IC: 1,24, 1,48). La plupart de ces résultats étaient similaires pour les sous-dimensions de l'AC.

Conclusions : Notre étude a montré que les participants ayant des niveaux élevés d'AC étaient plus susceptibles de suivre des régimes alimentaires végétalisés favorables à la santé. Ces résultats suggèrent que l'AC pourrait être une stratégie prometteuse pour promouvoir une réduction de la consommation de produits animaux, dans la perspective d’une plus grande durabilité alimentaire. Des études longitudinales sont nécessaires pour attribuer un lien de causalité à ces associations.

Mots clés : alimentation consciente ; nutrition ; régimes végétalisés ; végétarien ; végétalien

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