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Insomnie chronique, trait d’anxiété élevé et leur comorbidité en tant que facteurs de risque de diabète de type 2 incident

Publié le 11/07/2024
Pauline Duquenne, Cécilia Samieri, Stéphanie Chambaron, Marie-Claude Brindisi, Emmanuelle Kesse-Guyot, Pilar Galan, Serge Hercberg, Mathilde Touvier, Damien Léger, Léopold K. Fezeu, Valentina A. Andreeva

DOI : 10.1038/s41598-024-62675-y

Introduction : Les études ont montré que les troubles de l'anxiété et du sommeil semblaient être indépendamment associés à un risque accru de diabète de type 2 (DT2). La présence simultanée de ces deux troubles chez un même individu (comorbidité) est très courante. L'objectif de cette étude était d'évaluer l'association entre la comorbidité anxiété-insomnie et le DT2 incident dans une grande cohorte prospective.

Méthodes : Nous avons sélectionné des adultes non diabétiques qui avaient complété la sous-échelle d'anxiété trait du Spielberger State-Trait Anxiety Inventory (STAI-T, 2013- 2016) et le questionnaire d'insomnie/sommeil (2014). Nous avons utilisé des modèles à risque proportionnel de Cox pour comparer le risque de DT2 dans quatre groupes : pas d’insomnie chronique ou d’anxiété (référence), insomnie chronique uniquement (définie selon les critères établis), trait d’anxiété élevé uniquement (STAI-T ≥ 40), comorbidité anxiété-insomnie.

Résultats : 35 014 participants (âge moyen au départ : 52,4 ans ; suivi médian : 5,9 ans) ont été inclus dans l'analyse, dont 378 (1,1 %) ont développé un DT2. Dans l'échantillon, 28,5 % présentaient un trait d’anxiété élevé uniquement, 7,5 % une insomnie chronique uniquement et 12,5 % les deux. Dans le modèle entièrement ajusté, les participants présentant la comorbidité anxiété-insomnie étaient plus susceptibles de développer un DT2 (HR = 1,40 ; IC 95 % : 1,01-1,94) que ceux sans insomnie ni anxiété. Le trait d'anxiété élevé seul et l'insomnie chronique seule n'ont pas été significativement associés au DT2 incident.

Conclusion : Cette étude prospective a révélé une association positive entre la comorbidité anxiété-insomnie et l'incidence du DT2 chez les adultes issus de la population générale. De futures études prospectives utilisant des mesures objectives de la santé mentale pourraient confirmer ces résultats et orienter les programmes de prévention du diabète

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Development and validation of the mindful eating scale (mind-eat scale) in a general population

Publié le 31/05/2024
Appetite, 2024 DOI: 10.1016/j.appet.2024.107398

Van Beekum M, Shankland R, Rodhain A, Robert M, Marchand C, Herry A, Prioux C, Touvier M, Barday M, Turgon R, Avignon A, Leys C, Péneau S

Lien : https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0195666324002010?via%3Dihub

Contexte : L'alimentation consciente est un concept de plus en plus utilisé pour promouvoir une alimentation saine. Des études observationnelles ont suggéré des associations avec des comportements alimentaires plus sains, un poids corporel plus faible, et des biomarqueurs cardiovasculaires favorables. Cependant, les échelles existantes pour évaluer l'alimentation consciente présentent certaines limites. Notre étude visait à développer et valider une échelle évaluant le niveau d'alimentation consciente dans une population générale.

Méthodes : L'échelle Mind-Eat a été développée en quatre étapes principales : 1. Génération d'un pool initial d'items couvrant tous les aspects de l'alimentation consciente ; 2. Révision des items avec des experts et des individus naïfs ; 3. Administration de l'échelle dans un large échantillon représentatif de la population générale via la cohorte NutriNet-Santé (N=3102) ; 4. Réalisation d'analyses psychométriques. La validité de construit a été évaluée à l'aide d'une analyse factorielle exploratoire (AFE) (N1=1302) et d'analyses factorielles confirmatoires (AFC) (N2=1302, N3=498). La validité de contenu, discriminante, convergente et divergente, la cohérence interne et la fiabilité test-retest ont également été examinées.

Résultats : Le pool initial de 95 items a été réduit à 24 items grâce à l'AFE. L'AFE a mis en évidence six dimensions : Attention consciente, Non-réactivité, Ouverture, Gratitude, Non-jugement, et Faim/Satiété, comprenant chacune quatre items. Les AFC ont montré une bonne adéquation pour les modèles de premier et de second ordre. Une validité de contenu adéquate a été confirmée. Les validités discriminante, convergente et divergente ont été soutenues par des différences significatives entre les sous-groupes d'individus et des corrélations avec les comportements alimentaires et les échelles de bien-être psychologique. L'échelle Mind-Eat a montré une bonne fiabilité pour les six dimensions, avec un coefficient ω de McDonald élevé et des coefficients de corrélation intraclasse (CCI) adéquats.

Conclusions : Cette étude a validé le premier outil évaluant un score total d'alimentation consciente et ses sous-dimensions dans une population générale. Cette échelle peut être un atout pour la recherche clinique et épidémiologique sur les comportements alimentaires et les maladies chroniques associées.

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Additifs alimentaires émulsifiants et risque de diabète de type 2 : analyse des données de l'étude de cohorte prospective NutriNet-Santé

Publié le 17/05/2024
Clara Salame, Guillaume Javaux, Laury Sellem, Emilie Viennois, Fabien Szabo de Edelenyi, Cédric Agaësse, Alexandre De Sa, Inge Huybrechts, Fabrice Pierre, Xavier Coumoul, Chantal Julia, Emmanuelle Kesse-Guyot, Benjamin Allès, Léopold K Fezeu, Serge Hercberg, Mélanie Deschasaux-Tanguy, Emmanuel Cosson, Sopio Tatulashvili, Benoit Chassaing, Bernard Srour*, Mathilde Touvier*

(*contributions égales)


DOI : 10.1016/S2213-8587(24)00086-X

Contexte : Des études expérimentales ont suggéré des effets potentiellement néfastes des émulsifiants sur le microbiote intestinal, l'inflammation et les perturbations métaboliques. Nous avons cherché à étudier les associations entre l'exposition aux émulsifiants alimentaires et le risque de diabète de type 2 dans une grande cohorte prospective d'adultes français.

Méthodes : Nous avons analysé les données de 104 139 adultes inscrits dans l'étude prospective française NutriNet-Santé du 1er mai 2009 au 26 avril 2023 ; 82 456 (79,2 %) étaient des femmes et l'âge moyen était de 42,7 ans (SD 14,5). Les apports alimentaires ont été évalués à l'aide de trois enregistrements alimentaires de 24 heures collectés sur trois jours non consécutifs, tous les 6 mois. L'exposition aux émulsifiants alimentaires a été évaluée à travers de multiples bases de données sur la composition des aliments et des analyses en laboratoire ad hoc. Les associations entre les expositions cumulatives aux émulsifiants alimentaires dépendantes du temps et le risque de diabète de type 2 ont été caractérisées avec des modèles de risques proportionnels de Cox multivariés ajustés pour les facteurs de risque connus. L'étude NutriNet-Santé est enregistrée sur ClinicalTrials.gov (NCT03335644).

Résultats : Sur les 104 139 participants, 1056 ont été diagnostiqués avec un diabète de type 2 pendant le suivi (durée moyenne de suivi de 6,8 ans [SD 3,7]). Les apports des émulsifiants suivants étaient associés à un risque accru de diabète de type 2 : carraghénanes totaux (hazard ratio [HR] 1,03 [IC à 95 % 1,01–1,05] par incrément de 100 mg par jour, p<0,0001), gomme de carraghénanes (E407 ; HR 1,03 [1,01–1,05] par incrément de 100 mg par jour, p<0,0001), phosphate tripotassique (E340 ; HR 1,15 [1,02–1,31] par incrément de 500 mg par jour, p=0,023), esters acétyltartariques de mono- et diglycérides d'acides gras (E472e ; HR 1,04 [1,00–1,08] par incrément de 100 mg par jour, p=0,042), citrate de sodium (E331 ; HR 1,04 [1,01–1,07] par incrément de 500 mg par jour, p=0,0080), gomme de guar (E412 ; HR 1,11 [1,06–1,17] par incrément de 500 mg par jour, p<0,0001), gomme arabique (E414 ; HR 1,03 [1,01–1,05] par incrément de 1000 mg par jour, p=0,013), et gomme de xanthane (E415 ; HR 1,08 [1,02–1,14] par incrément de 500 mg par jour, p=0,013).

Interprétation : Nous avons trouvé des associations directes entre le risque de diabète de type 2 et l'exposition à divers émulsifiants alimentaires largement utilisés dans les aliments industriels, dans une grande cohorte prospective d'adultes français. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour inciter à une réévaluation des réglementations régissant l'utilisation des émulsifiants alimentaires dans l'industrie alimentaire pour une meilleure protection des consommateurs.

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How far can reformulation participate in improving the nutritional quality of diets at population level? A modelling study using real food market data in France.

Publié le 23/04/2024
BMJ Glob Health, 2024 DOI: 10.1136/bmjgh-2023-014162

Sarda B, Kesse-Guyot E, Srour B, Deschasaux-Tanguy M, Fialon M, Fezeu LK, Galan P, Hercberg S, Touvier M, Julia C.

Lien : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC10966720/

Contexte : La reformulation des aliments est présentée comme un outil permettant d'améliorer la qualité nutritionnelle des régimes alimentaires de la population. Cependant, l'impact potentiel de la reformulation à l'échelle de l'industrie sur l'apport alimentaire n'a été que très peu étudié.

Objectifs : L'objectif était d'estimer l'impact sur les apports nutritionnels de la population française d'une reformulation à l'échelle de l'industrie vers des produits plus sains en utilisant le système actualisé de profilage des nutriments qui sous-tend l'étiquetage nutritionnel Nutri-Score sur la face avant des emballages (uNS-NPS).

Méthodes : Les données alimentaires à l’inclusion ont été extraites de la cohorte Nutrinet-Santé (N=100 418), fournissant des informations détaillées sur les régimes alimentaires des participants (N>3 000 aliments génériques). Chaque aliment dans les enregistrements de 24 heures a été comparé aux données du marché alimentaire français de la base de données OpenFoodFacts (N=119 073 produits). Trois scénarios ont été élaborés à partir de la teneur en nutriments des produits alimentaires existants : (1) tous les produits sont disponibles (situation de référence), (2) seuls les produits existants de meilleure qualité nutritionnelle sont disponibles comme substituts potentiels, et (3) seuls les produits existants de moins bonne qualité sont disponibles. L'évaluation de la qualité nutritionnelle était basée sur le score uNS-NPS. Enfin, les apports ont été calculés pour chaque scénario après attribution aléatoire de produits plus ou moins sains comme choix alimentaires. Des itérations de Monte-Carlo (n=300) ont été effectuées pour générer des intervalles d'incertitude.

Résultats : Après simulation de la reformulation à l'aide du scénario 2, une réduction de l'apport quotidien par rapport à la situation de référence a été observée pour l'énergie (-55 kcal/jour, -2,9%), les graisses saturées (-2,4g/jour, -7,6%), le sucre (-4,8g/jour, -5,3%) et le sel (-0,54g/jour, -8,3%) et une augmentation a été observée pour les fibres (+1,0g/jour, +4,9%). Des améliorations de la qualité de l'alimentation ont été observées indépendamment de l’adhésion initiale aux recommandations nutritionnelles. Les facteurs les plus importants contribuant à l'amélioration de l'alimentation sont les suivants : 1) sucres : produits sucrés, produits de boulangerie sucrés et produits laitiers ; 2) graisses saturées : produits de boulangerie sucrés, produits laitiers et plats préparés ; 3) sel : pain, plats préparés, préparations de légumes et soupes.

Conclusion : La reformulation généralisée de l'offre alimentaire est apparue comme une opportunité pour améliorer l'état nutritionnel au niveau de la population en France.

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The association between ultra-processed food consumption and chronic insomnia in the NutriNet-Santé Study

Publié le 23/04/2024
Journal of the Academy of Nutrition and Dietetics, 2024 DOI: 10.1016/j.jand.2024.02.015

Pauline Duquenne, Julia Capperella, Léopold K. Fezeu, Bernard Srour, Giada Benasi, Serge Hercberg, Mathilde Touvier, Valentina A. Andreeva, Marie-Pierre St-Onge

Lien : https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2212267224000947

Titre en français : Association entre la consommation d’aliments ultra-transformés et l’insomnie chronique dans la cohorte NutriNet-Santé

Introduction : La consommation d’aliments ultra-transformés (AUT) est en hausse dans le monde entier et a été associée à de nombreux problèmes de santé, tels que le diabète, l’obésité et le cancer. Peu d’études se sont concentrées sur l’effet de la consommation d’AUT et le sommeil, et encore moins sur l’insomnie chronique. L’objectif de cette étude est d’évaluer l’association entre la consommation d’AUT et l’insomnie chronique dans un grand échantillon issus de la population générale.

Méthodes : Nous avons sélectionné des adultes de la cohorte NutriNet-Santé qui avaient rempli un questionnaire sur le sommeil (2014) et au moins deux questionnaires alimentaires de 24 heures. L’insomnie chronique a été définie selon les critères établis du DSM-5 et ICSD-3. La catégorisation des aliments comme AUT étaient basée sur le groupe 4 de la classification NOVA. L’association entre l’apport en AUT et l’insomnie chronique a été évaluée à l’aide de régressions logistiques multivariables.

Résultats : Au total, 38 570 participants (âge moyen : 50,0 ans, 77,0% de femmes) ont été inclus dans l’analyse. Parmi eux, 19,4% présentaient des symptômes d’insomnie chronique. En moyenne, les AUT représentaient 16% de la quantité totale (g/jour) de l’alimentation globale des participants. Dans le modèle entièrement ajusté, la consommation d’AUT était associée à une plus grande probabilité d’insomnie chronique (OR pour une augmentation absolue de 10% d’AUT dans l’alimentation = 1,06 ; IC 95% : 1,02-1,09).

Conclusion : Cette étude épidémiologique de large échelle a révélé une association significative entre la consommation d’AUT et l’insomnie chronique, indépendamment du statut socio-économique, du mode de vie et de l’état de santé mentale. Ces résultats fournissent de premières pistes pour de futures recherches longitudinales ainsi que pour des programmes de prévention axés sur la nutrition et le sommeil.

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