Publications
Valeurs seuils de la force de préhension comme marqueur de risque de diabète de type 2 chez l’adulte en France
Publié le 26/12/2025
Thi Chi Phuong Nguyen, Jean-Michel Oppert, Laurent Bourhis, Alice Bellicha, Bernard Srour, Emmanuelle Kesse-Guyot, Pilar Galan, Serge Hercberg, Mathilde Touvier, Léopold K Fezeu, Jérémy Vanhelst
Nguyen TCP, Oppert JM, Bourhis L, Bellicha A, Srour B, Kesse-Guyot E, Hercberg S, Galan P, Touvier M, Fezeu LK, Vanhelst J. Handgrip strength cut-off points for identifying French adults at risk of type 2 diabetes. Diabetes Metab. 2025 Nov 9;52(1):101713. doi: 10.1016/j.diabet.2025.101713. Epub ahead of print. PMID: 41218736.
Introduction
Le diabète de type 2 (DT2) constitue un enjeu majeur de santé publique en raison de sa prévalence croissante (en 2019 dans le monde, 463 millions de personnes pouvant atteindre 700 millions d'ici 2045). Dépister les personnes à risque est essentiel pour la mise en place de stratégies de prévention (par ex par le mode de vie). De nombreuses études ont montré qu'une faible force musculaire, mesurée par la force de préhension (FP), est associée à un risque accru de développer un DT2. Plusieurs études anglo-saxonnes ont établi des seuils optimaux de FP pour détecter ce risque. Les données de l'étude internationale Prospective Urban Rural Epidemiology (PURE) ont révélé que les valeurs moyennes de FP varient selon les régions géographiques et l'ethnicité, soulignant l'importance de déterminer des seuils de FP spécifiques à chaque pays. À ce jour, il n'existe pas de seuils proposés pour la FP afin de prédire le DT2 chez les adultes en France. L'objectif principal de cette étude est de déterminer les valeurs seuils de la FP en fonction du sexe pour identifier le risque de DT2 chez les adultes en France. L'objectif secondaire est d'examiner les associations entre la FP absolue et relative et l'incidence du DT2.
Méthodes
Entre 2011 et 2014, 18 519 adultes (5 096 hommes) ont réalisé un test de FP à l’aide d’un dynamomètre (Jamar®, Sammons Preston Rolyan, Bolingbrook, IL, USA). Neuf indicateurs ont été dérivés, comprenant des valeurs absolues et des valeurs rapportées au poids corporel et à l’IMC. Ensuite, les participants ont complété tous les 6 mois un questionnaire santé par l’intermédiaire d’une plateforme web afin de relever l’incidence du DT2. Les cas incidents ont été vérifiés avec la base de données de l’assurance maladie (SNIIRAM). La date de fin de suivi pour cette analyse a été fixée au 31 mars 2024. Les caractéristiques démographiques, anthropométriques et les modes de vie (activité physique et alimentation) ont été également recueillies par questionnaires. Des courbes ROC (Receiver Operating Characteristic) ont été réalisées pour définir les seuils de prédiction du DT2. Des modèles de régression de Cox à risques proportionnels ajustés ont été effectués pour analyser l'association entre le DT2 et la FP.
Résultats
Sur un suivi de 9,8 ans, 329 cas incident de DT2 ont été validés. La FP absolue n’était pas associée au risque de DT2, tandis qu’une FP relative plus élevée était associée à un risque plus faible (par ex. HR pour la FP relative au poids corporel : 1,30 ; IC 95 % : 1,07–1,58). La FP relative présentait une meilleure discrimination (AUC 0,623–0,675) que la FP absolue (≤ 0,44). Les seuils optimaux étaient de 0,446 kg/kg et 1,086 kg/kg/m² (main dominante), et de 0,397 kg/kg et 1,033 kg/kg/m² (main non dominante). Une faible FP relative était associée à un risque accru (HR 1,42–1,68), de manière cohérente dans les analyses de sensibilité, selon le sexe et l’âge.
Conclusions
La force de préhension relative, mais non absolue, est indépendamment associée à l’incidence du DT2 et présente une capacité de discrimination modeste. Étant simple et peu coûteuse, la mesure de la FP pourrait constituer un outil de dépistage utile en clinique et en santé publique.
Mots clés: Force musculaire, diabète de type 2, handgrip.
Nguyen TCP, Oppert JM, Bourhis L, Bellicha A, Srour B, Kesse-Guyot E, Hercberg S, Galan P, Touvier M, Fezeu LK, Vanhelst J. Handgrip strength cut-off points for identifying French adults at risk of type 2 diabetes. Diabetes Metab. 2025 Nov 9;52(1):101713. doi: 10.1016/j.diabet.2025.101713. Epub ahead of print. PMID: 41218736.
Introduction
Le diabète de type 2 (DT2) constitue un enjeu majeur de santé publique en raison de sa prévalence croissante (en 2019 dans le monde, 463 millions de personnes pouvant atteindre 700 millions d'ici 2045). Dépister les personnes à risque est essentiel pour la mise en place de stratégies de prévention (par ex par le mode de vie). De nombreuses études ont montré qu'une faible force musculaire, mesurée par la force de préhension (FP), est associée à un risque accru de développer un DT2. Plusieurs études anglo-saxonnes ont établi des seuils optimaux de FP pour détecter ce risque. Les données de l'étude internationale Prospective Urban Rural Epidemiology (PURE) ont révélé que les valeurs moyennes de FP varient selon les régions géographiques et l'ethnicité, soulignant l'importance de déterminer des seuils de FP spécifiques à chaque pays. À ce jour, il n'existe pas de seuils proposés pour la FP afin de prédire le DT2 chez les adultes en France. L'objectif principal de cette étude est de déterminer les valeurs seuils de la FP en fonction du sexe pour identifier le risque de DT2 chez les adultes en France. L'objectif secondaire est d'examiner les associations entre la FP absolue et relative et l'incidence du DT2.
Méthodes
Entre 2011 et 2014, 18 519 adultes (5 096 hommes) ont réalisé un test de FP à l’aide d’un dynamomètre (Jamar®, Sammons Preston Rolyan, Bolingbrook, IL, USA). Neuf indicateurs ont été dérivés, comprenant des valeurs absolues et des valeurs rapportées au poids corporel et à l’IMC. Ensuite, les participants ont complété tous les 6 mois un questionnaire santé par l’intermédiaire d’une plateforme web afin de relever l’incidence du DT2. Les cas incidents ont été vérifiés avec la base de données de l’assurance maladie (SNIIRAM). La date de fin de suivi pour cette analyse a été fixée au 31 mars 2024. Les caractéristiques démographiques, anthropométriques et les modes de vie (activité physique et alimentation) ont été également recueillies par questionnaires. Des courbes ROC (Receiver Operating Characteristic) ont été réalisées pour définir les seuils de prédiction du DT2. Des modèles de régression de Cox à risques proportionnels ajustés ont été effectués pour analyser l'association entre le DT2 et la FP.
Résultats
Sur un suivi de 9,8 ans, 329 cas incident de DT2 ont été validés. La FP absolue n’était pas associée au risque de DT2, tandis qu’une FP relative plus élevée était associée à un risque plus faible (par ex. HR pour la FP relative au poids corporel : 1,30 ; IC 95 % : 1,07–1,58). La FP relative présentait une meilleure discrimination (AUC 0,623–0,675) que la FP absolue (≤ 0,44). Les seuils optimaux étaient de 0,446 kg/kg et 1,086 kg/kg/m² (main dominante), et de 0,397 kg/kg et 1,033 kg/kg/m² (main non dominante). Une faible FP relative était associée à un risque accru (HR 1,42–1,68), de manière cohérente dans les analyses de sensibilité, selon le sexe et l’âge.
Conclusions
La force de préhension relative, mais non absolue, est indépendamment associée à l’incidence du DT2 et présente une capacité de discrimination modeste. Étant simple et peu coûteuse, la mesure de la FP pourrait constituer un outil de dépistage utile en clinique et en santé publique.
Mots clés: Force musculaire, diabète de type 2, handgrip.
Three Body-Worn Accelerometers in the French NutriNet-Santé Cohort: Feasibility and Acceptability Study
Publié le 26/12/2025
Abdouramane Soumaré, Léopold K Fezeu, Jérôme Bouchan, Fabienne Delestre, Alice Bellicha, Greet Cardon, Alan Donnelly, Antje Hebestreit, Mathilde Touvier, Jean-Michel Oppert, Jérémy Vanhelst
Soumaré A, Fezeu LK, Bouchan J, Delestre F, Bellicha A, Cardon G, Donnelly A, Hebestreit A, Touvier M, Oppert JM, Vanhelst J. Three Body-Worn Accelerometers in the French NutriNet-Santé Cohort: Feasibility and Acceptability Study. JMIR Form Res. 2025 Nov 20;9:e76167. doi: 10.2196/76167. PMID: 41264348.
Introduction
La surveillance du niveau d’activité physique (AP) de la population est essentielle pour guider les politiques de santé nutritionnelle. Le développement de mesures objectives de l’AP applicables à de grands échantillons est une priorité. En effet, les questionnaires d’AP présentent l’avantage d’être peu coûteux, rapides à administrer, non-invasifs et facilement déployables sur de larges populations d’étude et sont, par conséquent, majoritairement utilisés dans les études épidémiologiques. Cependant, l’utilisation de questionnaires entraîne des erreurs importantes d’estimation dues à la difficulté de mémorisation, à l’altération des réponses par le biais de désirabilité sociale ou encore au manque de sensibilité. L’accélérométrie est la méthode objective la plus utilisée en recherche et dans un nombre croissant de pays pour la surveillance de l’état de santé de la population. L’objectif de notre étude était d’évaluer la faisabilité et l’acceptabilité de l’utilisation de trois accéléromètres disponibles dans un sous-échantillon d’adultes de la cohorte NutriNet-Santé lors de la mesure de l’AP dans les conditions habituelles de vie.
Méthodes
Cette étude s’appuie sur les données recueillies dans le cadre d’un projet européen sur le développement d’outils de mesure de l’AP impliquant l’étude NutriNet-Santé. Les participants ont porté trois accéléromètres (FitBit®, ActivPal®, ActiGraph®) durant sept jours consécutifs. La faisabilité a été évaluée à partir des données de temps de port des accéléromètres renseignées par les participants dans un journal de bord. Au décours des 7 jours d’évaluation, les participants ont rempli en ligne un questionnaire d’acceptabilité à 19 items, évaluant l’acceptabilité des trois accéléromètres. Ce questionnaire a été élaboré en se basant sur le modèle théorique d’acceptation des technologies (Technology Acceptance Model - TAM), qui identifie les déterminants de l’acceptation d’une technologie : (i) la facilité d’utilisation perçue « Perceived usefulness », (ii) et l’utilité perçue « Perceived Ease of Use ». Une échelle de Likert à 5 points a été utilisée pour exprimer le niveau d’accord/désaccord de 1 (pas du tout d’accord) à 5 (tout à fait d'accord).
Résultats
Dans cette étude ancillaire, 126 participants (62 hommes, 64 femmes), âgés de 46,3 ± 11,3 ans ont été inclus. L’échantillon était équilibré en termes de sex-ratio et de tranches d’âge. Les mesures étaient considérées comme valides (minimum quatre jours de port avec un temps supérieur ou égal à 600 minutes par jour) chez tous les participants, avec 1 049 jours valides (personne×jour) pour l’ActivPal®, 1 046 (personne×jour) pour la montre FitBit®, et 1 006 (personne×jour) pour l’ActiGraph®. Concernant la faisabilité évaluée par le temps de port quotidien, un haut niveau de compliance a été observé pour les trois accéléromètres avec des différences. L’ActivPal® (collé à la cuisse) avait le temps de port quotidien le plus élevé (Médiane : 1440 minutes ; 25e-95e percentiles : 1440 – 1440), suivi par la montre FitBit® (portée en permanence au poignet) (Médiane : 1440 minutes ; 25e-95e percentiles : 1421 – 1440), puis par l’ActiGraph® (accroché à la ceinture du lever au coucher)(Médiane : 930 minutes ; 25e-95e percentiles : 855 – 1020) (p < 0,0001). L’évaluation, à partir du questionnaire d’acceptabilité, a montré que la montre FitBit® a obtenu le meilleur score d’acceptabilité (80,5 ± 8,13), suivi par l’ActivPal® (77,8 ± 8,87) et l’accéléromètre ActiGraph® (71,7 ± 8,68) (p < 0,0001).
Conclusions
Ces résultats montrent la faisabilité et l’acceptabilité la plus élevée pour la montre FitBit® par comparaison avec les accéléromètres de recherche ActivPal® et Actigraph®. L’utilisation à grande échelle d’un tel instrument doit maintenant être évaluée en terme de logistique, de coût et de confidentialité des données.
Soumaré A, Fezeu LK, Bouchan J, Delestre F, Bellicha A, Cardon G, Donnelly A, Hebestreit A, Touvier M, Oppert JM, Vanhelst J. Three Body-Worn Accelerometers in the French NutriNet-Santé Cohort: Feasibility and Acceptability Study. JMIR Form Res. 2025 Nov 20;9:e76167. doi: 10.2196/76167. PMID: 41264348.
Introduction
La surveillance du niveau d’activité physique (AP) de la population est essentielle pour guider les politiques de santé nutritionnelle. Le développement de mesures objectives de l’AP applicables à de grands échantillons est une priorité. En effet, les questionnaires d’AP présentent l’avantage d’être peu coûteux, rapides à administrer, non-invasifs et facilement déployables sur de larges populations d’étude et sont, par conséquent, majoritairement utilisés dans les études épidémiologiques. Cependant, l’utilisation de questionnaires entraîne des erreurs importantes d’estimation dues à la difficulté de mémorisation, à l’altération des réponses par le biais de désirabilité sociale ou encore au manque de sensibilité. L’accélérométrie est la méthode objective la plus utilisée en recherche et dans un nombre croissant de pays pour la surveillance de l’état de santé de la population. L’objectif de notre étude était d’évaluer la faisabilité et l’acceptabilité de l’utilisation de trois accéléromètres disponibles dans un sous-échantillon d’adultes de la cohorte NutriNet-Santé lors de la mesure de l’AP dans les conditions habituelles de vie.
Méthodes
Cette étude s’appuie sur les données recueillies dans le cadre d’un projet européen sur le développement d’outils de mesure de l’AP impliquant l’étude NutriNet-Santé. Les participants ont porté trois accéléromètres (FitBit®, ActivPal®, ActiGraph®) durant sept jours consécutifs. La faisabilité a été évaluée à partir des données de temps de port des accéléromètres renseignées par les participants dans un journal de bord. Au décours des 7 jours d’évaluation, les participants ont rempli en ligne un questionnaire d’acceptabilité à 19 items, évaluant l’acceptabilité des trois accéléromètres. Ce questionnaire a été élaboré en se basant sur le modèle théorique d’acceptation des technologies (Technology Acceptance Model - TAM), qui identifie les déterminants de l’acceptation d’une technologie : (i) la facilité d’utilisation perçue « Perceived usefulness », (ii) et l’utilité perçue « Perceived Ease of Use ». Une échelle de Likert à 5 points a été utilisée pour exprimer le niveau d’accord/désaccord de 1 (pas du tout d’accord) à 5 (tout à fait d'accord).
Résultats
Dans cette étude ancillaire, 126 participants (62 hommes, 64 femmes), âgés de 46,3 ± 11,3 ans ont été inclus. L’échantillon était équilibré en termes de sex-ratio et de tranches d’âge. Les mesures étaient considérées comme valides (minimum quatre jours de port avec un temps supérieur ou égal à 600 minutes par jour) chez tous les participants, avec 1 049 jours valides (personne×jour) pour l’ActivPal®, 1 046 (personne×jour) pour la montre FitBit®, et 1 006 (personne×jour) pour l’ActiGraph®. Concernant la faisabilité évaluée par le temps de port quotidien, un haut niveau de compliance a été observé pour les trois accéléromètres avec des différences. L’ActivPal® (collé à la cuisse) avait le temps de port quotidien le plus élevé (Médiane : 1440 minutes ; 25e-95e percentiles : 1440 – 1440), suivi par la montre FitBit® (portée en permanence au poignet) (Médiane : 1440 minutes ; 25e-95e percentiles : 1421 – 1440), puis par l’ActiGraph® (accroché à la ceinture du lever au coucher)(Médiane : 930 minutes ; 25e-95e percentiles : 855 – 1020) (p < 0,0001). L’évaluation, à partir du questionnaire d’acceptabilité, a montré que la montre FitBit® a obtenu le meilleur score d’acceptabilité (80,5 ± 8,13), suivi par l’ActivPal® (77,8 ± 8,87) et l’accéléromètre ActiGraph® (71,7 ± 8,68) (p < 0,0001).
Conclusions
Ces résultats montrent la faisabilité et l’acceptabilité la plus élevée pour la montre FitBit® par comparaison avec les accéléromètres de recherche ActivPal® et Actigraph®. L’utilisation à grande échelle d’un tel instrument doit maintenant être évaluée en terme de logistique, de coût et de confidentialité des données.
Association entre les pressions environnementales alimentaires et les principales maladies chroniques : évaluation à partir de la cohorte prospective NutriNet-Santé
Publié le 28/11/2025
Emmanuelle Kesse-Guyot, Aurélien Chayre, Elie Perraud, Sylvaine Berger, Annabelle Richard, Justine Berlivet, Mathilde Touvier, Benjamin Allès, Serge Hercberg, Denis Lairon, Philippe Pointereau, Hélène Fouillet, Julia Baudry, Christian Couturier, François Mariotti
Kesse-Guyot E, Chayre A, Perraud E, Berger S, Richard A, Berlivet J, Touvier M, Allès B, Hercberg S, Lairon D, Pointereau P, Fouillet H, Baudry J, Couturier C, Mariotti F. Association between dietary environmental pressures and major chronic diseases: assessment from the prospective NutriNet-Santé cohort. Lancet Reg Health Eur. 2025 Oct 7;59:101481. doi: 10.1016/j.lanepe.2025.101481. PMID: 41127057; PMCID: PMC12538917.
Contexte et enjeux : Les régimes riches en aliments végétaux offrent potentiellement des co-bénéfices pour la santé humaine et l’environnement. Cependant, la plupart des études examinent le rôle sur la santé de régimes peu impactants pour l’environnement non directement l’association entre l’empreinte environnementale et des événements de santé. Par ailleurs, la majorité des études se focalisent sur les émissions de gaz à effet de serre et l’occupation des terres. Cette étude examine les liens entre les pressions environnementales liées à l’alimentation, évaluées par des indicateurs variés et selon les modes de production et le risque de maladies chroniques et la mortalité.
Résultats : Les données de 34 077 participants de la cohorte française NutriNet-Santé ont été utilisées. Les données alimentaires ont été recueillies à l’aide d’un questionnaire de fréquence alimentaire, distinguant les aliments issus de production biologique ou conventionnelle, puis combinées avec des indicateurs environnementaux de la production alimentaire distinguant les deux modes de production. Les associations entre les émissions de gaz à effet de serre, la demande énergétique, l’occupation des terres, les infrastructures écologiques, l’utilisation de l’eau, la fréquence de traitement par pesticides, et un indicateur synthétique de pression environnementale (EPI) et l’incidence de cancers, de maladies cardiovasculaires (globales, coronariennes et cérébrovasculaires), de diabète de type 2 et le risque de mortalité ont été estimées à l’aide d’un modèle multivariable de risques proportionnels de Cox pondéré (redressement sur la structure de la population française). Les cofacteurs incluaient des données sociodémographiques, liées aux modes de vie, reproductives, hormonales et métaboliques. Sur une période de suivi médiane de 8.39 ans (IQR=5.62, 256 891 années-personnes), Les pressions environnementales globales liées à la production alimentaire, telles qu'estimées par l’EPI, étaient positivement liées au risque de toutes les maladies chroniques étudiées, à l'exception des accidents vasculaires cérébraux. Une augmentation d’un écart-type du score EPI était associée à une hausse du risque, allant de 1.15 pour le cancer (hazard-ratio=1.15 ; IC95%=1.03-1.28) à 1.50 pour les maladies coronariennes et le diabète de type 2 (ic95%=1.29-1.73). Aucune relation n'a été observée entre le score EPI et le risque d'AVC ou de mortalité.
Perspectives : Les régimes alimentaires ayant un faible impact environnemental sont associés à d'importants bénéfices pour la santé (réduction du risque de diabète de type 2, de maladies cardiovasculaires et de cancer). Les co-bénéfices d’un régime moins nuisible à l’environnement varient selon les indicateurs environnementaux, comme en témoignent les associations inverses avec la consommation d’eau et l’infrastructure écologique. Cependant, la tendance générale soutient l’hypothèse selon laquelle des systèmes alimentaires à impact environnemental réduit pourraient être des leviers clés pour la durabilité à la fois environnementale et sanitaire. Mettre en avant ces co-bénéfices pour la santé pourrait séduire les personnes moins concernées par les enjeux environnementaux.
Kesse-Guyot E, Chayre A, Perraud E, Berger S, Richard A, Berlivet J, Touvier M, Allès B, Hercberg S, Lairon D, Pointereau P, Fouillet H, Baudry J, Couturier C, Mariotti F. Association between dietary environmental pressures and major chronic diseases: assessment from the prospective NutriNet-Santé cohort. Lancet Reg Health Eur. 2025 Oct 7;59:101481. doi: 10.1016/j.lanepe.2025.101481. PMID: 41127057; PMCID: PMC12538917.
Contexte et enjeux : Les régimes riches en aliments végétaux offrent potentiellement des co-bénéfices pour la santé humaine et l’environnement. Cependant, la plupart des études examinent le rôle sur la santé de régimes peu impactants pour l’environnement non directement l’association entre l’empreinte environnementale et des événements de santé. Par ailleurs, la majorité des études se focalisent sur les émissions de gaz à effet de serre et l’occupation des terres. Cette étude examine les liens entre les pressions environnementales liées à l’alimentation, évaluées par des indicateurs variés et selon les modes de production et le risque de maladies chroniques et la mortalité.
Résultats : Les données de 34 077 participants de la cohorte française NutriNet-Santé ont été utilisées. Les données alimentaires ont été recueillies à l’aide d’un questionnaire de fréquence alimentaire, distinguant les aliments issus de production biologique ou conventionnelle, puis combinées avec des indicateurs environnementaux de la production alimentaire distinguant les deux modes de production. Les associations entre les émissions de gaz à effet de serre, la demande énergétique, l’occupation des terres, les infrastructures écologiques, l’utilisation de l’eau, la fréquence de traitement par pesticides, et un indicateur synthétique de pression environnementale (EPI) et l’incidence de cancers, de maladies cardiovasculaires (globales, coronariennes et cérébrovasculaires), de diabète de type 2 et le risque de mortalité ont été estimées à l’aide d’un modèle multivariable de risques proportionnels de Cox pondéré (redressement sur la structure de la population française). Les cofacteurs incluaient des données sociodémographiques, liées aux modes de vie, reproductives, hormonales et métaboliques. Sur une période de suivi médiane de 8.39 ans (IQR=5.62, 256 891 années-personnes), Les pressions environnementales globales liées à la production alimentaire, telles qu'estimées par l’EPI, étaient positivement liées au risque de toutes les maladies chroniques étudiées, à l'exception des accidents vasculaires cérébraux. Une augmentation d’un écart-type du score EPI était associée à une hausse du risque, allant de 1.15 pour le cancer (hazard-ratio=1.15 ; IC95%=1.03-1.28) à 1.50 pour les maladies coronariennes et le diabète de type 2 (ic95%=1.29-1.73). Aucune relation n'a été observée entre le score EPI et le risque d'AVC ou de mortalité.
Perspectives : Les régimes alimentaires ayant un faible impact environnemental sont associés à d'importants bénéfices pour la santé (réduction du risque de diabète de type 2, de maladies cardiovasculaires et de cancer). Les co-bénéfices d’un régime moins nuisible à l’environnement varient selon les indicateurs environnementaux, comme en témoignent les associations inverses avec la consommation d’eau et l’infrastructure écologique. Cependant, la tendance générale soutient l’hypothèse selon laquelle des systèmes alimentaires à impact environnemental réduit pourraient être des leviers clés pour la durabilité à la fois environnementale et sanitaire. Mettre en avant ces co-bénéfices pour la santé pourrait séduire les personnes moins concernées par les enjeux environnementaux.
Niveau de transformation des produits végétaux : impact sur la santé cardiovasculaire
Publié le 28/11/2025
Clémentine Prioux, Emmanuelle Kesse-Guyot, Bernard Srour, Léopold K. Fézeu, Julia Baudry, Sandra Wagner, Serge Hercberg, Mathilde Touvier, Benjamin Allès
Prioux C, Kesse-Guyot E, Srour B, Fezeu LK, Baudry J, Wagner S, Hercberg S, Touvier M, Allès B. Cardiovascular disease risk and the balance between animal-based and plant-based foods, nutritional quality, and food processing level in the French NutriNet-Santé cohort: a longitudinal observational study. The Lancet Regional Health – Europe, Volume 0, Issue 0, 101470. doi: https://doi.org/10.1016/j.lanepe.2025.101470.
De précédentes études ont rapporté qu'une consommation élevée d'aliments dits ultra-transformés était associée à un risque accru de développer des maladies cardiovasculaires, parallèlement à d'autres travaux qui ont montré qu'une alimentation incluant une forte part de produits végétaux, lorsqu'ils sont équilibrés sur le plan nutritionnel, diminuerait le risque de développer ces maladies.
Pour étudier les liens entre nutrition et santé cardiovasculaire, cette étude va au-delà de la distinction entre origine végétale ou animale d'un aliment, en intégrant la qualité nutritionnelle, par exemple la teneur en glucides, lipides ou vitamines et minéraux antioxydants, mais aussi le degré de transformation des aliments. Les données de santé de 63 835 adultes participant à la cohorte française NutriNet-Santé ont été analysées. La période de suivi était de 9,1 ans en moyenne et pouvait alter jusqu'à 15 ans pour les premiers inclus. Les apports alimentaires, c’est-à-dire les aliments et boissons consommés sur au moins 3 journées, ont été recueillis grâce à des questionnaires en ligne. Ce recueil détaillé permet de distinguer 3 types d'alimentation, en comparant la part des produits végétaux face à celle des produits animaux, et en considérant leur qualité nutritionnelle, mais aussi leur niveau de transformation industrielle.
Ainsi, il est apparu que les adultes ayant une alimentation plus riche en produits végétaux de meilleure qualité nutritionnelle (moins riche en lipides, sucre et sel) et pas ou peu transformés industriellement, présentaient un risque de maladies cardiovasculaires inférieur d'environ 40 % comparé aux personnes qui avaient une alimentation plus pauvre en ces produits végétaux, et plus riche en produits animaux. Les adultes ayant une alimentation plus riche en produits végétaux de meilleure qualité nutritionnelle mais ultra-transformés comme des pains complets industriels, soupes du commerce, plats préparés à base de pâtes ou salades assaisonnées du commerce (comparés aux personnes qui avaient une alimentation plus pauvre en ces produits et plus riches en produits animaux), ne présentaient pas un risque inférieur de maladies cardiovasculaires. Le risque de maladies cardiovasculaires était supérieur d'environ 40 % pour les adultes qui consommaient une forte part de produits végétaux de moindre qualité nutritionnelle et ultra-transformés (chips, boissons sucrées à base de fruits ou sodas d'extraits végétaux, produits sucrés chocolatés ou confiseries, céréales du petit déjeuner sucrées, biscuits salés, etc.) comparé aux personnes ayant une alimentation plus riche en produits végétaux de bonne qualité nutritionnelle et peu ou pas transformés industriellement.
Ces résultats soulignent la nécessité de considérer à la fois la qualité nutritionnelle et le degré de transformation et de formulation des aliments, en plus de l'équilibre végétal-animal dans l'alimentation, pour mieux évaluer les liens entre nutrition et santé cardiovasculaire. Ils viennent apporter de nouveaux arguments afin d'encourager les politiques publiques en nutrition et santé à promouvoir des aliments végétaux qui soient à la fois de bonne qualité nutritionnelle et peu ou pas transformés (fruits et légumes frais, surgelés ou en conserves de bonne qualité, par exemple sans ajout de lipides, sel, sucre et additifs).
Prioux C, Kesse-Guyot E, Srour B, Fezeu LK, Baudry J, Wagner S, Hercberg S, Touvier M, Allès B. Cardiovascular disease risk and the balance between animal-based and plant-based foods, nutritional quality, and food processing level in the French NutriNet-Santé cohort: a longitudinal observational study. The Lancet Regional Health – Europe, Volume 0, Issue 0, 101470. doi: https://doi.org/10.1016/j.lanepe.2025.101470.
De précédentes études ont rapporté qu'une consommation élevée d'aliments dits ultra-transformés était associée à un risque accru de développer des maladies cardiovasculaires, parallèlement à d'autres travaux qui ont montré qu'une alimentation incluant une forte part de produits végétaux, lorsqu'ils sont équilibrés sur le plan nutritionnel, diminuerait le risque de développer ces maladies.
Pour étudier les liens entre nutrition et santé cardiovasculaire, cette étude va au-delà de la distinction entre origine végétale ou animale d'un aliment, en intégrant la qualité nutritionnelle, par exemple la teneur en glucides, lipides ou vitamines et minéraux antioxydants, mais aussi le degré de transformation des aliments. Les données de santé de 63 835 adultes participant à la cohorte française NutriNet-Santé ont été analysées. La période de suivi était de 9,1 ans en moyenne et pouvait alter jusqu'à 15 ans pour les premiers inclus. Les apports alimentaires, c’est-à-dire les aliments et boissons consommés sur au moins 3 journées, ont été recueillis grâce à des questionnaires en ligne. Ce recueil détaillé permet de distinguer 3 types d'alimentation, en comparant la part des produits végétaux face à celle des produits animaux, et en considérant leur qualité nutritionnelle, mais aussi leur niveau de transformation industrielle.
Ainsi, il est apparu que les adultes ayant une alimentation plus riche en produits végétaux de meilleure qualité nutritionnelle (moins riche en lipides, sucre et sel) et pas ou peu transformés industriellement, présentaient un risque de maladies cardiovasculaires inférieur d'environ 40 % comparé aux personnes qui avaient une alimentation plus pauvre en ces produits végétaux, et plus riche en produits animaux. Les adultes ayant une alimentation plus riche en produits végétaux de meilleure qualité nutritionnelle mais ultra-transformés comme des pains complets industriels, soupes du commerce, plats préparés à base de pâtes ou salades assaisonnées du commerce (comparés aux personnes qui avaient une alimentation plus pauvre en ces produits et plus riches en produits animaux), ne présentaient pas un risque inférieur de maladies cardiovasculaires. Le risque de maladies cardiovasculaires était supérieur d'environ 40 % pour les adultes qui consommaient une forte part de produits végétaux de moindre qualité nutritionnelle et ultra-transformés (chips, boissons sucrées à base de fruits ou sodas d'extraits végétaux, produits sucrés chocolatés ou confiseries, céréales du petit déjeuner sucrées, biscuits salés, etc.) comparé aux personnes ayant une alimentation plus riche en produits végétaux de bonne qualité nutritionnelle et peu ou pas transformés industriellement.
Ces résultats soulignent la nécessité de considérer à la fois la qualité nutritionnelle et le degré de transformation et de formulation des aliments, en plus de l'équilibre végétal-animal dans l'alimentation, pour mieux évaluer les liens entre nutrition et santé cardiovasculaire. Ils viennent apporter de nouveaux arguments afin d'encourager les politiques publiques en nutrition et santé à promouvoir des aliments végétaux qui soient à la fois de bonne qualité nutritionnelle et peu ou pas transformés (fruits et légumes frais, surgelés ou en conserves de bonne qualité, par exemple sans ajout de lipides, sel, sucre et additifs).
Valeurs de référence de la force musculaire chez les adultes français : Résultats de l’étude NutriNet-Santé
Publié le 13/10/2025
Abdouramane Soumare, Jean-Michel Oppert, Laurent Bourhis, Alice Bellicha, Pilar Galan, Serge Hercberg, Mathilde Touvier, Léopold K Fezeu, Jérémy Vanhelst
Soumaré A, Oppert JM, Bourhis L, Bellicha A, Galan P, Hercberg S, Touvier M, Fezeu LK, Vanhelst J. Handgrip strength reference values and determinants of muscle weakness in French adults: results from the NutriNet-Santé study. J Sports Med Phys Fitness. 2025 Oct 3. doi: 10.23736/S0022-4707.25.16833-3. Epub ahead of print. PMID: 41042151.
Introduction
La force musculaire est reconnue comme un déterminant important de l’état nutritionnel et de la santé. Plusieurs études ont démontré qu’une faible force musculaire des membres supérieurs (force de préhension) est associée à un risque accru de différentes maladies chroniques et de mortalité toutes causes. Des valeurs de référence de la force de préhension chez l’adulte ont été établies dans de nombreux pays. Elles sont régulièrement utilisées pour la surveillance de la condition physique et de la santé des populations. A ce jour, il n’existe pas de valeurs de référence de la force de préhension chez l’adulte en France. L’objectif principal de cette étude était de déterminer les percentiles de la force musculaire par sexe et catégorie d’âge chez l’adulte. L’objectif secondaire consistait à évaluer l’association entre la force de préhension et les variables sociodémographiques et anthropométriques.
Méthodes
Un échantillon de 18 532 adultes de la cohorte NutriNet-Santé (5 262 hommes, 13 090 femmes) agés de 18 à 91 ans ont été inclus dans cette étude. La force de préhension des participants a été évaluée par le test du handgrip à l’aide d’un dynamomètre hydraulique JamarTM. Les participants étaient en position assise, le coude fléchi à 90 degrés, et ont serré progressivement et continuellement aussi fort que possible pendant 2 à 3 secondes. Le test a été effectué à 3 reprises en alternant le bras dominant et le bras non dominant. Pour chaque bras, la valeur maximale exprimée en kg, a été retenue. L’échantillon a été redressé suivant les données de l’INSEE pour le calcul des percentiles. Un modèle de régression logistique multivarié ajusté sur l’activité physique, le tabac, le niveau d’éducation, l’âge et les revenus a été utilisé pour évaluer l’association entre les variables sociodémographiques et anthropométriques et une faible force de préhension (< 20ème percentile).
Résultats
Les percentiles de la force de préhension (P5, P10, P20, P30, P40, P50, P60, P70, P80, P90, et P95) ont été fournis en valeurs absolues (kg) et relatives (par rapport à la masse corporelle et à l’indice de masse corporelle), par catégorie d’age et sexe pour le bras dominant et non dominant. Pour les deux sexes, une association significative a été rétrouvée entre une faible force de préhension et la maigreur (IMC<18.5 kg/m²) (hommes: OR 2,14 [1,16-3,96]; femmes: OR 1,61 [1,33-1,95]), un niveau faible d’activité physique (femmes: OR 0,73 [0,65-0,82] pour le niveau elevé; hommes: OR 0,74 [0,61-0,89] pour le niveau élevé) et le fait d’être un ancien ou fumeur actuel uniquement chez les hommes (OR 1,20 [1,03-1,40] et OR 1,35 [1,06-1,73], respectivement chez les ex ou fumeurs actuel). Chez les femmes, une association a été retrouvée avec d’autres facteurs tels qu’un faible niveau d’éducation (niveau BAC+3: OR 0.84 [0,75-0,94]; niveau BAC+5: OR 0,78 [0,68-0,88]) et l’âge (45-49 ans (OR 1,27 [1,05-1,53]); 55-59 ans (OR 1,32 [1,10-1,58])).
Conclusions
Les données collectées dans l’étude NutriNet-Santé ont permis d’établir les premières valeurs de référence de la force de préhension chez les adultes en France. La connaissance de ces valeurs et des facteurs associés permettra de cibler les populations cibles des programmes et interventions, incluant la promotion de l’activité physique favorable à la santé.
Mots clés : Force musculaire. Dynamomètre. Valeurs de référence.
Soumaré A, Oppert JM, Bourhis L, Bellicha A, Galan P, Hercberg S, Touvier M, Fezeu LK, Vanhelst J. Handgrip strength reference values and determinants of muscle weakness in French adults: results from the NutriNet-Santé study. J Sports Med Phys Fitness. 2025 Oct 3. doi: 10.23736/S0022-4707.25.16833-3. Epub ahead of print. PMID: 41042151.
Introduction
La force musculaire est reconnue comme un déterminant important de l’état nutritionnel et de la santé. Plusieurs études ont démontré qu’une faible force musculaire des membres supérieurs (force de préhension) est associée à un risque accru de différentes maladies chroniques et de mortalité toutes causes. Des valeurs de référence de la force de préhension chez l’adulte ont été établies dans de nombreux pays. Elles sont régulièrement utilisées pour la surveillance de la condition physique et de la santé des populations. A ce jour, il n’existe pas de valeurs de référence de la force de préhension chez l’adulte en France. L’objectif principal de cette étude était de déterminer les percentiles de la force musculaire par sexe et catégorie d’âge chez l’adulte. L’objectif secondaire consistait à évaluer l’association entre la force de préhension et les variables sociodémographiques et anthropométriques.
Méthodes
Un échantillon de 18 532 adultes de la cohorte NutriNet-Santé (5 262 hommes, 13 090 femmes) agés de 18 à 91 ans ont été inclus dans cette étude. La force de préhension des participants a été évaluée par le test du handgrip à l’aide d’un dynamomètre hydraulique JamarTM. Les participants étaient en position assise, le coude fléchi à 90 degrés, et ont serré progressivement et continuellement aussi fort que possible pendant 2 à 3 secondes. Le test a été effectué à 3 reprises en alternant le bras dominant et le bras non dominant. Pour chaque bras, la valeur maximale exprimée en kg, a été retenue. L’échantillon a été redressé suivant les données de l’INSEE pour le calcul des percentiles. Un modèle de régression logistique multivarié ajusté sur l’activité physique, le tabac, le niveau d’éducation, l’âge et les revenus a été utilisé pour évaluer l’association entre les variables sociodémographiques et anthropométriques et une faible force de préhension (< 20ème percentile).
Résultats
Les percentiles de la force de préhension (P5, P10, P20, P30, P40, P50, P60, P70, P80, P90, et P95) ont été fournis en valeurs absolues (kg) et relatives (par rapport à la masse corporelle et à l’indice de masse corporelle), par catégorie d’age et sexe pour le bras dominant et non dominant. Pour les deux sexes, une association significative a été rétrouvée entre une faible force de préhension et la maigreur (IMC<18.5 kg/m²) (hommes: OR 2,14 [1,16-3,96]; femmes: OR 1,61 [1,33-1,95]), un niveau faible d’activité physique (femmes: OR 0,73 [0,65-0,82] pour le niveau elevé; hommes: OR 0,74 [0,61-0,89] pour le niveau élevé) et le fait d’être un ancien ou fumeur actuel uniquement chez les hommes (OR 1,20 [1,03-1,40] et OR 1,35 [1,06-1,73], respectivement chez les ex ou fumeurs actuel). Chez les femmes, une association a été retrouvée avec d’autres facteurs tels qu’un faible niveau d’éducation (niveau BAC+3: OR 0.84 [0,75-0,94]; niveau BAC+5: OR 0,78 [0,68-0,88]) et l’âge (45-49 ans (OR 1,27 [1,05-1,53]); 55-59 ans (OR 1,32 [1,10-1,58])).
Conclusions
Les données collectées dans l’étude NutriNet-Santé ont permis d’établir les premières valeurs de référence de la force de préhension chez les adultes en France. La connaissance de ces valeurs et des facteurs associés permettra de cibler les populations cibles des programmes et interventions, incluant la promotion de l’activité physique favorable à la santé.
Mots clés : Force musculaire. Dynamomètre. Valeurs de référence.
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