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Une plus grande adhésion au régime de référence EAT-Lancet est associée à une meilleure adéquation nutritionnelle dans la cohorte NutriNet-Santé

Publié le 30/05/2023
American Journal of Clinical Nutrition, 2023, DOI: 10.1016/j.ajcnut.2023.03.029

Florine Berthy, Joséphine Brunin, Benjamin Allès, Anouk Reuzé, Mathilde Touvier, Serge Hercberg, Denis Lairon, Philippe Pointereau, François Mariotti, Julia Baudry, Emmanuelle Kesse-Guyot

Lien : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/37019361/

Contexte : La commission EAT-Lancet a proposé en 2019 un régime de référence sain et universel, dont la qualité nutritionnelle n’a été que très peu étudiée à l’heure actuelle.

Objectif : À travers différents niveaux d'adhésion au régime de référence EAT-Lancet, nos objectifs étaient les suivants : 1) décrire les apports alimentaires et nutritionnels de la population française, 2) évaluer la qualité des apports en nutriments et, 3) étudier la cohérence entre les recommandations nationales françaises et le régime de référence EAT-Lancet.

Conception : Cette étude transversale a été menée auprès des participants de la cohorte NutriNet-Santé dont l’échantillon a été redressé sur les caractéristiques de la population générale française. L'adhésion au régime de référence EAT-Lancet a été estimée à l'aide du score EAT-Lancet Diet Index (ELD-I) et les apports nutritionnels usuels ont été obtenus par la méthode de réduction de variance. Nous avons utilisé la méthode du point de coupe des besoins moyens estimés (EAR-cut point) pour estimer la proportion de participants qui satisfaisaient leurs besoins nutritionnels respectifs. L'adéquation aux recommandations alimentaires françaises (PNNS, Programme National Nutrition Santé) en fonction de l'adhésion au régime de référence EAT-Lancet a également été étudiée.

Résultats : L'échantillon redressé était composé de 98 465 participants. A l'exception du zinc biodisponible et de la vitamine B12, la prévalence de l'inadéquation nutritionnelle a diminué avec l'augmentation de l'adhésion au régime de référence EAT-Lancet, en particulier pour la vitamine B9 (Q1= 37,8 % vs. Q5 =5,5 %, p=<0,0001) et la vitamine C (Q1 = 59,0 % vs. Q5= 10,8 %, p=<0,0001). Toutefois, les apports en certains nutriments sont restés faibles dans tous les quintiles d’ELD-I, en particulier en ce qui concerne les fibres, la vitamine B1, l'iode et le magnésium. Un score ELD-I plus élevé était associé à une meilleure adhésion à la plupart des composants du PNNS, à l'exception des groupes d'aliments qui ne sont pas spécifiquement inclus dans le régime de référence EAT-Lancet et qui sont typiques de l'alimentation française tels que l’alcool et la charcuterie.

Conclusion : Dans le contexte français, bien que des problèmes d'adéquation concernant certains nutriments puissent survenir, il n'en reste pas moins qu'un régime alimentaire qui demeure dans les limites planétaires tel que le régime de référence EAT-Lancet permet une qualité nutritionnelle favorable.

Mots-clés : alimentation durable, évaluation de la qualité nutritionnelle, adéquation nutritionnelle, système alimentaire

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« Concordance entre la santé cardiovasculaire auto-rapportée et la santé cardiovasculaire mesurée et leur association respective avec les maladies cardiovasculaires incidentes »

Publié le 11/05/2023
Scientific Reports (2023)

Omar Deraz, Thomas Van Sloten, Rachel Climie, Charlotte Debras, Léopold K. Fezeu, Mélanie Deschasaux-Tanguy, Xavier Jouven, Emmanuelle Kesse-Guyot, Pilar Galan, Serge Hercberg, Mathilde Touvier & Jean-Philippe Empana

Lien d’accès : https://www.nature.com/articles/s41598-023-32219-x 

La prévention primordiale est un nouveau concept de prévention des maladies cardiovasculaires qui vise à prévenir l’apparition des facteurs de risque cardiovasculaires afin de se rapprocher d’une santé cardiovasculaire dite idéale et ainsi diminuer de façon drastique la survenue de pathologies cardiovasculaires (infarctus du myocarde, accident vasculaire cérébral, insuffisance cardiaque notamment). En 2010, la société américaine de cardiologie a développé un score composite à 7 items, le Life Simple 7, permettant de mesurer le niveau de la santé cardiovasculaire de la population. Ce score comporte donc 7 items répartis dans une dimension comportementale (le tabagisme, l'indice de masse corporelle, le régime alimentaire, l'activité physique) et dans une dimension biologique (le taux de sucre dans le sang (glycémie), la pression artérielle et la concentration de cholestérol dans le sang). En combinant le niveau de chacun des 7 items, on peut établir un score de santé cardiovasculaire et définir notamment un score idéal. Si la dimension comportementale est relativement facile à mesurer via des questionnaires, la dimension biologique requiert des prélèvements de sang et donc une infrastructure qui n’est pas toujours disponible. Notre hypothèse est que la mesure d’une santé cardiovasculaire complètement auto-rapportée peut constituer une alternative acceptable permettant ainsi de faciliter la surveillance et la promotion d’une santé cardiovasculaire optimale dans la population générale.

L’objectif de notre étude était donc d’évaluer la validité de la santé cardiovasculaire auto-rapportée par rapport à la santé cardiovasculaire mesurée en examinant leur concordance et leur association respective avec les pathologies cardiovasculaires incidentes. Ce travail résulte d’une collaboration entre les chercheurs INSERM de l’équipe d’Epidémiologie Intégrative des maladies cardiovasculaires du Centre de Recherche Cardiovasculaire de Paris et les chercheurs INSERM de l’équipe de Recherche en Epidémiologie Nutritionnelle, qui coordonne l’étude NutriNet-Santé. En effet, notre étude repose sur la cohorte NutriNet-Santé qui a recruté, depuis 2009, 171 000 adultes et suivi leur santé jusqu’en Septembre 2020. Ce travail porte sur 18 714 participants sans maladies cardiovasculaires chez qui il était possible de comparer la santé cardiovasculaire auto-rapportée à la santé cardiovasculaire mesurée. Les paramètres comportementaux de la santé cardiovasculaire étaient communs pour la santé cardiovasculaire mesurée et la santé cardiovasculaire auto-rapportée et obtenus via des questionnaires. Les paramètres biologiques de la santé cardiovasculaire auto-rapportée étaient obtenus via des questionnaires sur la connaissance par le participant de diagnostic d’hypertension artérielle, de diabète de type 2 ou d’hypercholestérolémie, ou la prise de médicaments pour ces maladies. Pour la santé cardiovasculaire mesurée, ces paramètres étaient obtenus grâce à une mesure de pression artérielle et des dosages sanguins.

L’âge moyen était de 51 ans et 73 % de l’échantillon était des femmes. Avec la santé cardiovasculaire auto-rapportée, 39% des participants avaient un niveau idéal (5 à 7 paramètres au niveau idéal) tandis que ce chiffre était de 16% selon la santé cardiovasculaire mesurée. Cependant, le niveau de concordance entre les 2 ‘types’ de santé cardiovasculaire était très élevé, 87% (une concordance parfaite étant de 100%). Par ailleurs, au cours d'un suivi de 8 ans, 749 événements cardiovasculaires sont survenus. L’analyse montre que le risque de pathologies cardiovasculaires diminuait de 7% pour chaque item gagné au niveau idéal avec la santé cardiovasculaire mesurée, et de 13% avec la santé cardiovasculaire auto-rapportée. En conclusion, nos résultats suggèrent que la santé cardiovasculaire auto-rapportée peut offrir une alternative utile à la santé cardiovasculaire mesurée.

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Groupes sanguins ABO et infection par le SARS-CoV-2, estimée à partir de données de séroprévalence au sein d’une large population : étude multi-cohorte SAPRIS-SERO

Publié le 11/05/2023
Scientific Reports (2023)

Mélanie Deschasaux-Tanguy, Fabien Szabo de Edelenyi, Nathalie Druesne-Pecollo, Younes Esseddik, Julien Allègre, Bernard Srour, Pilar Galan, Serge Hercberg, Gianluca Severi, Marie Zins, Emmanuel Wiernik, groupe SAPRIS-SERO, Xavier de Lamballerie, Fabrice Carrat & Mathilde Touvier

Lien d’accès : https://www.nature.com/articles/s41598-023-30714-9

Les groupes sanguins ABO ont été mis en avant comme potentiel facteur influençant le risque d’infection par le SARS-CoV-2 mais les études disponibles ont principalement été conduites sur de petits échantillons, des populations sélectionnées et/ou ont utilisé des résultats de test PCR.

Dans ce contexte, notre étude visait à analyser les associations entre les groupes sanguins ABO et une infection par le SARS-CoV-2 établie à partir de données de séroprévalence obtenues au sein d’une large population (reflètant des infections ayant eu lieu jusqu’à plusieurs mois en arrière et indépendamment de si une personne avait des symptômes ou a passé un test).

Notre étude a inclus 67 340 participants au projet multi-cohorte français SAPRIS-SERO (incluant les cohortes NutriNet-Santé, E3N/E4N et Constances). Des anticorps anti-SARS-CoV-2 ont été détecté à l’aide de tests ELISA (dirigés contre les protéines spike (S) et de nucleocapside (NP)) et de séroneutralisation (SN) conduits sur des gouttes de sang séché collectées entre Mai et Novembre 2020.

Les individus n’appartenant pas au groupe O (et en particulier ceux appartenant aux groupes A et AB) étaient plus susceptibles de présenter des anticorps anti SARS-CoV-2 (ELISA-S, 2964 cas positifs : OR non-O vs. O = 1.09 [1.01–1.17], OR A vs. O = 1.08 [1.00–1.17] ; ELISA-S/ELISA-NP/SN, 678 cas triple positif : OR non-O vs. O = 1.19 [1.02–1.39], OR A vs. O = 1.19 [1.01–1.41], OR AB vs. O = 1.43 [1.01–2.03]).

Nos résultats fournissent donc des éléments supplémentaires concernant la dynamique d’infection par le SARS-CoV-2, soulignant une plus grande susceptibilité à l’infection des individus des groupes A et AB, et un moindre risque pour les individus du groupe O. Toutefois, les hypothèses avancées pour expliquer ces résultats faisant intervenir les mécanismes d’incompatibilité entre groupes sanguins, c’est-à-dire une protection collective plutôt qu’individuelle, et considérant la taille de l’effet observé, les individus du groupe O ne sont pas exempts du risque d’infection et les mesures de protection individuelles restent la meilleure façon d’éviter de transmettre le SARS-CoV-2.

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Synthèse narrative sur le lien entre les apports en glucides et la santé mentale : focus sur l’anxiété et l’insomnie chez les adultes"

Publié le 28/03/2023
https://doi.org/10.1016/j.cnd.2022.09.005; Cahiers de Nutrition et de Diététique

Junko Kose, Pauline Duquenne, Bernard Srour, Charlotte Debras, Damien Léger, Sandrine Péneau, Pilar Galan, Serge Hercberg, Mathilde Touvier, Valentina A. Andreeva

Résumé : Les troubles anxieux, l’insomnie et leur comorbidité sont des problématiques de
santé publique bien connues. Cet article vise à synthétiser les connaissances actuelles et à
discuter de fac ̧on narrative les résultats des études issues des domaines de l’épidémiologie nutritionnelle et de la psychiatrie nutritionnelle s’intéressant aux apports en glucides en lien avec la santé mentale. La synthèse inclut des études sur l’anxiété ou sur l’insomnie avec ≥ 1000 participants adultes issus des populations non-cliniques. La plupart des études existantes sur l’anxiété et l’insomnie en lien avec les apports en glucides étaient transversales suggérant globalement des associations positives. Les variables reflétant les apports en glucides qui étaient positivement associées à l’anxiété ou à l’insomnie concernent le pourcentage d’énergie provenant des glucides, les glucides totaux et complexes, les amidons, les sucres ajoutés, les céréales raffinées, les boissons sucrées, les confiseries, les pâtes, l’indice glycémique et la charge glycémique. Afin de conclure sur la causalité concernant l’effet potentiel des apports en glucides sur ces deux troubles de santé mentale, davantage d’études prospectives observationnelles et interventionnelles seraient nécessaires.

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Exposition alimentaire aux nitrites et aux nitrates en association avec le risque de diabète de type 2 : Résultats de la cohorte NutriNet-Santé

Publié le 28/03/2023
PLoS Med. 2023 Jan; 20(1): e1004149. doi: 10.1371/journal.pmed.1004149

Bernard Srour, Eloi Chazelas, Nathalie Druesne-Pecollo, Younes Esseddik, Fabien Szabo de Edelenyi, Cédric Agaësse, Alexandre De Sa, Rebecca Lutchia, Charlotte Debras, Laury Sellem, Inge Huybrechts, Chantal Julia, Emmanuelle Kesse-Guyot, Benjamin Allès, Pilar Galan, Serge Hercberg, Fabrice Pierre, Mélanie Deschasaux-Tanguy, Mathilde Touvier

Lien Pubmed : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/36649248/

Introduction et but de l’étude

Les nitrates et les nitrites sont naturellement présents dans l'eau et le sol et sont généralement ingérés à partir de l'eau potable et de sources alimentaires. Ils sont également utilisés comme additifs alimentaires. Les preuves épidémiologiques établissant un lien entre l'exposition aux nitrites/nitrates et le risque de diabète de type 2 (DT2) sont rares. Nous avons cherché à étudier ces associations dans une étude de cohorte prospective basée sur une grande population.

Matériel et Méthodes

Au total, 104 168 adultes de l'étude de cohorte française NutriNet-Santé (durée médiane de suivi 6,7 ans) ont été inclus. Les associations entre les apports de nitrites et de nitrates (évalués à l'aide d'enregistrements alimentaires répétés sur 24 h, liés à une base de données complète sur la composition des aliments et tenant compte des détails des noms commerciaux/marques de produits industriels) et le risque de DT2 ont été évaluées à l'aide de modèles de Cox à risques proportionnels ajustés sur les facteurs de risque connus (facteurs sociodémographiques, anthropométriques, mode de vie, antécédents médicaux et facteurs nutritionnels).

Résultats et Analyses statistiques

Au cours du suivi, 969 cas incidents de DT2 ont été recensés. Par rapport aux participants ayant des apports plus faibles (1er tertile), ceux ayant des apports plus élevés en nitrites totaux et de nitrites de sources naturelles (aliments et eau) (3e tertile) avaient un risque de DT2 plus élevé (HR = 1,29 (1,06-1,56), P = 0,0043, et 1,27 (1,05-1,54), P = 0,01, respectivement). Les participants ayant des apports plus élevés de nitrites provenant d'additifs alimentaires (c'est-à-dire ceux ayant des apports plus élevés que la médiane spécifique au sexe parmi les participants exposés), et en particulier ceux ayant des apports plus élevés de nitrite de sodium (e250) avaient un risque de DT2 plus élevé que ceux qui ne sont pas exposés aux nitrites des additifs alimentaires (HR=1,58 (1,28-1,94), P<0,001 et 1,59 (1,30-1,96), P<0,001), respectivement). Il n'y avait aucune preuve d'association entre les nitrates totaux ou les nitrates provenant d'additifs alimentaires, avec le risque de DT2 (P>0,4).

Conclusion

Dans cette large étude de cohorte prospective, des apports élevés en nitrites alimentaires (provenant à la fois de sources naturelles et d'additifs alimentaires) étaient associés à un risque plus élevé de DT2. Ces résultats doivent être confirmés dans d'autres études prospectives à grande échelle ; cependant, ils fournissent des preuves supplémentaires dans le contexte des discussions en cours sur la mise à jour des réglementations sur la contamination des sols ainsi que l'utilisation des nitrites en tant qu'additifs alimentaires.

Ce projet a été financé par le Conseil européen de la recherche, le Ministère de la santé et l'Université Paris Cité. Il a reçu le prix de la fondation Bettencourt Schueller "Coup d'élan pour la recherche française" 2021, et le label NACRe Partenariat (réseau Nutrition Activité physique Cancer Recherche).

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