Pour être respectueux du climat, les recommandations alimentaires doivent inclure des limites à la consommation totale de viande – en s'inspirant du cas de la France
Publié le 16/09/2025
Emmanuelle Kesse-Guyot, Julia Baudry, Justine Berlivet, Elie Perraud, Chantal Julia, Mathilde Touvier, Benjamin Allès, Denis Lairon, Serge Hercberg, Hélène Fouillet, Philippe Pointereau, François Mariotti
Kesse-Guyot E, Baudry J, Berlivet J, Perraud E, Julia C, Touvier M, Allès B, Lairon D, Hercberg S, Fouillet H, Pointereau P, Mariotti F. To be climate-friendly, food-based dietary guidelines must include limits on total meat consumption - modeling from the case of France. Int J Behav Nutr Phys Act. 2025 Jul 9;22(1):95. doi: 10.1186/s12966-025-01786-9. PMID: 40634968; PMCID: PMC12239361.
Contexte
Bien que les recommandations alimentaires (RA) incluent des seuils limites maximaux pour la consommation de viande, elles n’intègrent généralement pas explicitement des considérations environnementales. Par exemple, en France, les RA recommandent de ne pas consommer plus de 500 g de viande rouge et 150 g de viande transformée par semaine. Cette étude utilise la modélisation sous contraintes pour explorer la gamme d’émissions de gaz à effet de serre (GES) pouvant être atteinte en respectant ces recommandations.
Méthodes
L’étude a analysé des données recueillies en 2014 auprès de 29 413 participants du NutriNet-Santé afin d’évaluer leur conformité aux RA françaises. Les émissions de GES, la demande énergétique cumulative et l’occupation des sols pour les aliments biologiques et conventionnels ont été extraites de la base de données DIALECTE. Dans un premier temps, des régimes alimentaires respectant les références nutritionnelles (couverture des besoins en nutriments), culturellement acceptables et conformes aux RA ont été modélisés en minimisant ou maximisant les émissions de GES. Ensuite, l’éventail des régimes entre le minimum et le maximum d’émissions a été exploré tout en minimisant la déviation totale par rapport au régime observé, avec une contrainte progressive sur les émissions de GES, en conservant les autres contraintes. Des critères environnementaux, économiques (coût monétaire), nutritionnels et de santé (score de risque pour la santé à long terme lié au régime) ont été estimés pour chaque régime.
Résultats
L’adéquation moyenne observée aux RA était faible (19 %, écart-type=25 %) et les émissions de GES s’élevaient en moyenne à 4,34 kgCO2eq/jour (écart-type=2,7 %). Sous contraintes nutritionnelles, d’acceptabilité et de conformité aux RA, la gamme d’émissions de GES des régimes variait de 1,16 à 6,99 kgCO2eq/jour, dépendant jusqu’à environ 85 % du niveau de consommation de viande.
Une tendance similaire a été observée pour la demande en énergie, l’occupation des sols et le score de risque pour la santé, mais les coûts étaient systématiquement plus élevés que dans le régime observé, avec une forme en U.
Une proportion plus importante d’aliments biologiques était présente dans le régime à faibles émissions alors que cette proportion était faible dans le régime riche en viande et à fortes émissions. Pour des régimes iso-énergétiques, celui avec les émissions les plus faibles comportait davantage de légumes, de produits céréaliers complets et d’analogues végétaux.
Conclusions
Alors que les recommandations alimentaires françaises contribuent, en moyenne, à atténuer le changement climatique et à promouvoir la santé, cette étude met en évidence des leviers dans la consommation alimentaire recommandée pour réduire plus efficacement les émissions de GES des régimes et souligne que la viande totale constitue un enjeu crucial pour mieux prendre en compte la pression exercée sur le climat. D’autres pressions environnementales devraient également être considérées lors de l’élaboration des recommandations alimentaires.
Points forts :
Kesse-Guyot E, Baudry J, Berlivet J, Perraud E, Julia C, Touvier M, Allès B, Lairon D, Hercberg S, Fouillet H, Pointereau P, Mariotti F. To be climate-friendly, food-based dietary guidelines must include limits on total meat consumption - modeling from the case of France. Int J Behav Nutr Phys Act. 2025 Jul 9;22(1):95. doi: 10.1186/s12966-025-01786-9. PMID: 40634968; PMCID: PMC12239361.
Contexte
Bien que les recommandations alimentaires (RA) incluent des seuils limites maximaux pour la consommation de viande, elles n’intègrent généralement pas explicitement des considérations environnementales. Par exemple, en France, les RA recommandent de ne pas consommer plus de 500 g de viande rouge et 150 g de viande transformée par semaine. Cette étude utilise la modélisation sous contraintes pour explorer la gamme d’émissions de gaz à effet de serre (GES) pouvant être atteinte en respectant ces recommandations.
Méthodes
L’étude a analysé des données recueillies en 2014 auprès de 29 413 participants du NutriNet-Santé afin d’évaluer leur conformité aux RA françaises. Les émissions de GES, la demande énergétique cumulative et l’occupation des sols pour les aliments biologiques et conventionnels ont été extraites de la base de données DIALECTE. Dans un premier temps, des régimes alimentaires respectant les références nutritionnelles (couverture des besoins en nutriments), culturellement acceptables et conformes aux RA ont été modélisés en minimisant ou maximisant les émissions de GES. Ensuite, l’éventail des régimes entre le minimum et le maximum d’émissions a été exploré tout en minimisant la déviation totale par rapport au régime observé, avec une contrainte progressive sur les émissions de GES, en conservant les autres contraintes. Des critères environnementaux, économiques (coût monétaire), nutritionnels et de santé (score de risque pour la santé à long terme lié au régime) ont été estimés pour chaque régime.
Résultats
L’adéquation moyenne observée aux RA était faible (19 %, écart-type=25 %) et les émissions de GES s’élevaient en moyenne à 4,34 kgCO2eq/jour (écart-type=2,7 %). Sous contraintes nutritionnelles, d’acceptabilité et de conformité aux RA, la gamme d’émissions de GES des régimes variait de 1,16 à 6,99 kgCO2eq/jour, dépendant jusqu’à environ 85 % du niveau de consommation de viande.
Une tendance similaire a été observée pour la demande en énergie, l’occupation des sols et le score de risque pour la santé, mais les coûts étaient systématiquement plus élevés que dans le régime observé, avec une forme en U.
Une proportion plus importante d’aliments biologiques était présente dans le régime à faibles émissions alors que cette proportion était faible dans le régime riche en viande et à fortes émissions. Pour des régimes iso-énergétiques, celui avec les émissions les plus faibles comportait davantage de légumes, de produits céréaliers complets et d’analogues végétaux.
Conclusions
Alors que les recommandations alimentaires françaises contribuent, en moyenne, à atténuer le changement climatique et à promouvoir la santé, cette étude met en évidence des leviers dans la consommation alimentaire recommandée pour réduire plus efficacement les émissions de GES des régimes et souligne que la viande totale constitue un enjeu crucial pour mieux prendre en compte la pression exercée sur le climat. D’autres pressions environnementales devraient également être considérées lors de l’élaboration des recommandations alimentaires.
Points forts :
- La moyenne des émissions de gaz à effet de serre des régimes observés était de 4,34 kgCO2eq/j (écart-type = 2,70), avec une consommation énergétique de 2080 Kcal/j.
- Le régime qui se rapprochait le plus du régime observé, tout en respectant les contraintes nutritionnelles et d’acceptabilité, avait des émissions de 5,15 kgCO2eq/j.
- Les régimes modélisés respectant les recommandations alimentaires ainsi que les contraintes nutritionnelles et d’acceptabilité avaient des émissions comprises entre 1,16 kgCO2eq/j et 6,99 kgCO2eq/j.
- Tous les régimes modélisés présentaient une consommation accrue de fruits, d’huiles végétales, de légumineuses et de produits à base de grains entiers.
- Les régimes minimisant et maximisant les émissions de gaz à effet de serre, ainsi que la gamme de régimes intermédiaires, différaient notamment par leur consommation de bœuf/agneau, de céréales raffinées, de fruits, de porc et de produits de snacking.
- La quantité de viande, en particulier de bœuf/agneau, expliquait la majeure partie (jusqu’à environ 85 %) de la différence d’émissions de gaz à effet de serre entre les modèles.
- La consommation totale de viande diminuait progressivement dans les modèles imposant une réduction des émissions de gaz à effet de serre.