Profils de trajectoires de consommation alimentaire dans le temps chez les adultes français de la cohorte NutriNet-Santé (2014-2022) : Analyse multicritère de la durabilité
Publié le 11/08/2025
Hafsa Toujgani, Juhui Wang, Elie Perraud, Julia Baudry, Justine Berlivet, Benjamin Allès, Hélène Fouillet, Serge Hercberg, Mathilde Touvier, Denis Lairon, Philippe Pointereau, Christian Couturier, François Mariotti, Emmanuelle Kesse-Guyot; TRANSFood Consortium
Toujgani H, Wang J, Perraud E, Baudry J, Berlivet J, Allès B, Fouillet H, Hercberg S, Touvier M, Lairon D, Pointereau P, Couturier C, Mariotti F, Kesse-Guyot E; TRANSFood Consortium. Dietary consumption trajectory profiles over time of French adults from the NutriNet-Santé cohort (2014-2022): multicriteria analysis of sustainability. Int J Behav Nutr Phys Act. 2025 Jun 13;22(1):76. doi: 10.1186/s12966-025-01777-w. PMID: 40514663; PMCID: PMC12166596.
Contexte : Les régimes alimentaires ont un impact majeur sur le changement climatique et la morbidité, rendant les transitions vers des régimes durables urgentes. Peu d’études explorent des mesures alimentaires répétées sur plusieurs années ou les variations entre différents profils de consommateurs caractérisés par leurs caractéristiques sociodémographiques et alimentaires.
Objectif : Cette étude vise à identifier des profils de trajectoires alimentaires chez les adultes français (2014-2022) et à évaluer leurs impacts environnementaux, nutritionnels et sanitaires.
Méthodes: Les données de consommation de 17 187 participants de la cohorte NutriNet-Santé (52 % de femmes, âge moyen 48 ans, écart-type = 16) ont été recueillies via des questionnaires de fréquence alimentaire en 2014 (pondérés selon le recensement français), 2018 et 2022. Les profils de trajectoires alimentaires ont été modélisés à l’aide d’une approche multi-trajectoires basée sur une analyse en composantes principales des consommations ajustées sur l’énergie. Les associations avec les dimensions environnementale (émissions de gaz à effet de serre) et nutritionnelle (adhésion aux recommandations alimentaires françaises, indice de qualité du régime) ont été analysées à l’aide de modèles mixtes multivariés. Les impacts sanitaires ont été évalués en Années de Vie Ajustées sur l’Incapacité (DALYs) évitées, selon l’approche d’évaluation des risques comparatifs.
Résultats : Six profils de trajectoires alimentaires (P) distincts, par leur régime initial et leur évolution, ont été identifiés. P0 avait des apports moyens ; P1 et P5 étaient centrés sur la viande, P5 présentant la consommation animale la plus élevée. P3 et P4 étaient plus végétalisés, P4 maintenant des apports élevés en poisson et végétaux, tandis que P3 augmentait sa consommation de viande de ruminants. P2, dont le régime était initialement riche en aliments gras salés et/ou sucrés, a nettement évolué vers un régime plus végétal. Au fil du temps, les émissions de GES ont diminué (−5 % à −14 %), la qualité de l’alimentation s’est améliorée (score PNNS-GS2 : +12 % à +174 %), et les risques sanitaires ont reculé pour quatre profils en lien avec une réduction de la viande rouge et une hausse des céréales complètes et fruits. En revanche, les risques ont augmenté pour P4 et P5 en raison de la consommation de viande transformée.
Conclusion : Ces profils reflètent la diversité des segments de population, avec des régimes alimentaires et des progrès en matière de durabilité variés. Des recherches complémentaires seraient nécessaires sur les facteurs économiques, psychologiques et culturels pour accompagner les changements alimentaires durables et assurer leur acceptabilité.