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« Concordance entre la santé cardiovasculaire auto-rapportée et la santé cardiovasculaire mesurée et leur association respective avec les maladies cardiovasculaires incidentes »

Publié le 11/05/2023
Scientific Reports (2023)

Omar Deraz, Thomas Van Sloten, Rachel Climie, Charlotte Debras, Léopold K. Fezeu, Mélanie Deschasaux-Tanguy, Xavier Jouven, Emmanuelle Kesse-Guyot, Pilar Galan, Serge Hercberg, Mathilde Touvier & Jean-Philippe Empana

Lien d’accès : https://www.nature.com/articles/s41598-023-32219-x 

La prévention primordiale est un nouveau concept de prévention des maladies cardiovasculaires qui vise à prévenir l’apparition des facteurs de risque cardiovasculaires afin de se rapprocher d’une santé cardiovasculaire dite idéale et ainsi diminuer de façon drastique la survenue de pathologies cardiovasculaires (infarctus du myocarde, accident vasculaire cérébral, insuffisance cardiaque notamment). En 2010, la société américaine de cardiologie a développé un score composite à 7 items, le Life Simple 7, permettant de mesurer le niveau de la santé cardiovasculaire de la population. Ce score comporte donc 7 items répartis dans une dimension comportementale (le tabagisme, l'indice de masse corporelle, le régime alimentaire, l'activité physique) et dans une dimension biologique (le taux de sucre dans le sang (glycémie), la pression artérielle et la concentration de cholestérol dans le sang). En combinant le niveau de chacun des 7 items, on peut établir un score de santé cardiovasculaire et définir notamment un score idéal. Si la dimension comportementale est relativement facile à mesurer via des questionnaires, la dimension biologique requiert des prélèvements de sang et donc une infrastructure qui n’est pas toujours disponible. Notre hypothèse est que la mesure d’une santé cardiovasculaire complètement auto-rapportée peut constituer une alternative acceptable permettant ainsi de faciliter la surveillance et la promotion d’une santé cardiovasculaire optimale dans la population générale.

L’objectif de notre étude était donc d’évaluer la validité de la santé cardiovasculaire auto-rapportée par rapport à la santé cardiovasculaire mesurée en examinant leur concordance et leur association respective avec les pathologies cardiovasculaires incidentes. Ce travail résulte d’une collaboration entre les chercheurs INSERM de l’équipe d’Epidémiologie Intégrative des maladies cardiovasculaires du Centre de Recherche Cardiovasculaire de Paris et les chercheurs INSERM de l’équipe de Recherche en Epidémiologie Nutritionnelle, qui coordonne l’étude NutriNet-Santé. En effet, notre étude repose sur la cohorte NutriNet-Santé qui a recruté, depuis 2009, 171 000 adultes et suivi leur santé jusqu’en Septembre 2020. Ce travail porte sur 18 714 participants sans maladies cardiovasculaires chez qui il était possible de comparer la santé cardiovasculaire auto-rapportée à la santé cardiovasculaire mesurée. Les paramètres comportementaux de la santé cardiovasculaire étaient communs pour la santé cardiovasculaire mesurée et la santé cardiovasculaire auto-rapportée et obtenus via des questionnaires. Les paramètres biologiques de la santé cardiovasculaire auto-rapportée étaient obtenus via des questionnaires sur la connaissance par le participant de diagnostic d’hypertension artérielle, de diabète de type 2 ou d’hypercholestérolémie, ou la prise de médicaments pour ces maladies. Pour la santé cardiovasculaire mesurée, ces paramètres étaient obtenus grâce à une mesure de pression artérielle et des dosages sanguins.

L’âge moyen était de 51 ans et 73 % de l’échantillon était des femmes. Avec la santé cardiovasculaire auto-rapportée, 39% des participants avaient un niveau idéal (5 à 7 paramètres au niveau idéal) tandis que ce chiffre était de 16% selon la santé cardiovasculaire mesurée. Cependant, le niveau de concordance entre les 2 ‘types’ de santé cardiovasculaire était très élevé, 87% (une concordance parfaite étant de 100%). Par ailleurs, au cours d'un suivi de 8 ans, 749 événements cardiovasculaires sont survenus. L’analyse montre que le risque de pathologies cardiovasculaires diminuait de 7% pour chaque item gagné au niveau idéal avec la santé cardiovasculaire mesurée, et de 13% avec la santé cardiovasculaire auto-rapportée. En conclusion, nos résultats suggèrent que la santé cardiovasculaire auto-rapportée peut offrir une alternative utile à la santé cardiovasculaire mesurée.

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