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Les motivations individuelles d'achat d'alimentaire durable se traduisent-elles par un changement individuel vers une alimentation plus durable ? Une analyse longitudinale dans la cohorte NutriNet-Sante

Publié le 16/08/2022

Joséphine Brunin, Benjamin Alles, Sandrine Péneau, Anouk Reuzé, Philippe Pointereau, Mathilde Touvier, Serge Hercberg, Denis Lairon, Julia Baudry, Emmanuelle Kesse-Guyot.

Lien : https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S266678432200016X?via%3Dihub

De nombreuses études ont démontré les faiblesses des systèmes alimentaires en matière d'environnement et de santé et la nécessité d'une amélioration est désormais reconnue. Bien qu’une partie des consommateurs semblent être plus conscients des questions de durabilité, les motivations d’achat alimentaires durables ne se traduisent pas systématiquement par un comportement d'achat. Les objectifs de cette étude étaient les suivants : identifier une typologie des changements alimentaires et analyser si ces changements alimentaires vers une consommation plus durable entre 2014 et 2018 (en tenant compte de la qualité nutritionnelle, des aliments d’origine végétale et de la consommation de produits biologiques) étaient liés à un ensemble de motivations d'achat alimentaire.

Dans la cohorte française NutriNet-Santé, 13 292 individus ont rempli un questionnaire de fréquence alimentaire en 2014 et 2018 et un questionnaire validé de motivations d'achat alimentaire en 2013, avec un accent particulier sur la durabilité. Une typologie a été construite pour identifier les clusters à l'aide d'un modèle statistique de régression par rangs réduits (RRR), avec les différences de consommation alimentaire comme variables prédictives et un ensemble de scores alimentaires (reflétant la qualité nutritionnelle, les aliments d'origine végétale et la consommation de produits biologiques) comme variables de réponse. Les associations entre les changements alimentaires et les motivations d'achat alimentaire ont été évaluées à l'aide d'une ANCOVA.

Les participants ayant le régime alimentaire le plus durable en 2014 et ont continué de l’améliorer au fil du temps (augmentation de la consommation d'aliments favorable à la santé d’origine végétale et de produits biologiques) présentaient des motivations d'achat alimentaire durable plus élevées. Il s'agissait plus souvent de femmes, de personnes jeunes, et plus diplômées. Les participants ayant les motivations durables les plus faibles avaient au même temps un régime alimentaire plutôt non durable et ont amélioré leur régime alimentaire en 2018. Les participants ayant des motivations fortes liées au prix, à l'innovation et à la praticité ont montré une diminution de la qualité de leur alimentation au fil du temps (augmentation des aliments défavorable à la santé d’origine végétale et animale, des boissons alcoolisées, diminution de la consommation de produits biologiques). Ce cluster présentait la plus forte proportion d'hommes, de personnes moins diplômées, et de personnes âgées de plus de 65 ans.

Nos résultats indiquent qu'une partie de la population s'est intéressée à l'achat d'aliments durables et a amélioré la durabilité de son alimentation sur une courte période. Certains participants, présentant des caractéristiques socio-démographiques spécifiques, n'étaient pas conscients de la durabilité de leur alimentation. Il est donc essentiel de sensibiliser une certaine partie de la population à la durabilité alimentaire.


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