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Consommation de boissons sucrées et risque de cancer : résultats de la cohorte prospective NutriNet-Santé

Publié le 27/01/2020
BMJ. 2019;366:l2408.

Chazelas E, Srour B, Desmetz E, Kesse-Guyot E, Julia C, Deschamps V, Druesne-Pecollo N, Galan P, Hercberg S, Latino-Martel P, Deschasaux M, Touvier M.

Introduction : Selon le Global Burden of Disease, la consommation de boissons sucrées a augmenté d’environ 40 % entre 1990 et 2016. Les boissons sucrées et édulcorées ont étés associées au risque de pathologies cardiométaboliques, mais concernant le lien direct avec le cancer, les données de la littérature sont encore limitées. Notre objectif était d’évaluer les associations entre la consommation de boissons sucrées et édulcorées et le risque de cancer.

Matériel et méthodes : Les analyses ont été effectuées sur 101 257 sujets adultes (âge moyen 42.2±14.4 ans ; temps de suivi moyen 5.1 ans) inclus dans la cohorte prospective NutriNet-Santé (2009-2017). La consommation de boissons sucrées et édulcorées a été évaluée grâce à des enregistrements de 24 h répétés, élaborés afin de déterminer la consommation habituelle de 3300 items d’aliments et de boissons différents. Les associations entre la consommation de boissons sucrées et édulcorées et le risque de cancer (au global, sein, prostate et colorectal) ont été étudiées grâce à des modèles de Fine & Gray ajustés sur les facteurs de confusion connus.


Résultats : Une augmentation de 100 mL de la consommation de boissons sucrées était significativement associée au risque de cancer au global (n=2193 cas; sHR=1,18, intervalle de confiance [IC] à 95 % : 1,10 à 1,27, P<0,0001) et de cancer du sein (n=693 cas; sHR=1,22, IC 95 % : 1,07 à 1,39, P=0,004). Les sous-analyses ont montré qu’une augmentation de 100 mL de la consommation de jus de fruit 100 % pur jus était significativement associée au risque de cancer au global (sHR=1,12, IC 95 % : 1,03 à 1,23, P=0,007). Dans les analyses secondaires, une augmentation du sucre provenant des boissons sucrées a été associée positivement à l'ensemble des cancers (sHR pour une augmentation de 10 g/j de sucre = 1,16, IC 95 % : 1,09 à 1,24, P<0,0001) et au cancer du sein (sHR pour une augmentation de 10 g/j de sucre = 1,18, IC 95 % : 1,05 à 1,33, P=0,006). D'autres ajustements pour plusieurs indicateurs de la qualité de l'alimentation n'ont pas modifié substantiellement les résultats, pas plus que d'autres analyses de sensibilité. L'étude était étant interventionnelle, la causalité des associations observées ne peut être établie.

Conclusion : Dans un contexte où l'OMS s'interroge sur le niveau de preuve des données scientifiques à l'appui de la mise en œuvre d'une taxe sur les boissons sucrées, les résultats de cette étude observationnelle basée sur une importante cohorte prospective suggèrent qu'une consommation accrue de boissons sucrées pourrait être associée positivement au risque de cancer au global et du sein. Il est à noter que les jus de fruits 100 % pur jus étaient également associés positivement au risque de cancer au global. Ces résultats doivent être reproduits dans d'autres études prospectives à grande échelle. Ils suggèrent que les boissons sucrées, qui sont massivement consommées dans les pays occidentaux, peuvent potentiellement représenter un facteur de risque modifiable pour la prévention du cancer.

Pour en savoir plus : Communiqué de presse

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/31292122
 

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