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Consommation d’aliments ultra-transformés et risque de maladies cardiovasculaires dans la cohorte prospective NutriNet-Santé

Publié le 24/09/2019
BMJ. 2019

Srour B, Fezeu LK, Kesse-Guyot E, Allès B, Méjean C, Andrianasolo RM, Chazelas E, Deschasaux M, Hercberg S, Galan P, Monteiro CA, Julia C, Touvier M.

Objectif : La consommation d'aliments ultra-transformés a considérablement augmenté au cours des dernières décennies dans de nombreux pays. Les conséquences de cette évolution sur la santé sont mal connues. Les aliments ultra-transformés présentent en moyenne une moins bonne qualité nutritionnelle, contiennent des additifs alimentaires et peuvent également contenir des substances provenant des emballages et des matériaux de contact, ainsi que des composés néoformés créés pendant la production, l’emballage ou la cuisson. Des études épidémiologiques antérieures ont trouvé des associations entre la consommation d’aliments ultra-transformés et une incidence plus élevée de dyslipidémies chez les enfants et des risques plus élevés de surpoids, d'obésité et d'hypertension. Récemment, la consommation de produits ultra-transformés a également été associée à des risques plus élevés de cancers (au global et du sein) dans la cohorte prospective NutriNet-Santé. Certaines études mécanistiques suggèrent des effets cardiométaboliques pour plusieurs composants couramment trouvés dans les aliments ultra-transformés, cependant, les preuves épidémiologiques les reliant aux maladies cardiovasculaires sont rares. Cette étude a pour objectif d’estimer les associations entre la consommation d'aliments ultra-transformés et le risque de maladies cardiovasculaires.

Méthodes : Au total, 105159 participants âgés d'au moins 18 ans (âge médian 41,5 ans) de la cohorte NutriNet-Santé (2009-2018) ont été inclus. Les apports alimentaires ont été recueillis par des enregistrements alimentaires de 24 h répétés, conçus pour collecter la consommation habituelle des participants pour 3300 aliments différents. Ceux-ci ont été catégorisés en fonction de leur degré de transformation grâce à la classification NOVA. Les associations entre la consommation d’aliments ultra-transformés et le risque de maladies cardio-vasculaires, coronariennes et cérébro-vasculaires ont été évaluées par des modèles de Cox à risques proportionnels ajustés sur les facteurs de risque connus.

Résultats : La consommation d’aliments ultra-transformés était associée à une augmentation du risque de maladies cardiovasculaires au global (n = 1409 cas, Hazard Ratio pour une augmentation de 10% de la proportion d'aliments ultra-transformés dans le régime = 1,12 (intervalle de confiance 95 % 1,05 à 1,20); p = 0,0008), de maladies coronariennes (n = 665 cas, HR = 1,13 (1,02 à 1,24), p = 0,02) et de maladies cérébro-vasculaires (n = 829 cas, HR= 1,11 (1,01 à 1,22), p = 0,02). Ces résultats restaient significatifs après ajustement sur plusieurs marqueurs de la qualité nutritionnelle de l'alimentation (acides gras saturés, sodium, sucres, fibres) ainsi que sur des patterns Healthy ou Western.

Conclusions : Dans cette large étude prospective, une consommation plus élevée d'aliments ultra-transformés dans l'alimentation était associée à une augmentation de risques de maladies cardio-vasculaires, coronariennes et cérébro-vasculaires. Différentes dimensions de la transformation alimentaire telles que la composition nutritionnelle du produit final, les additifs alimentaires, les matériaux de contact et les contaminants néoformés pourraient jouer un rôle dans ces associations ? D'autres études sont donc nécessaires afin de mieux comprendre leur contribution relative. Dans l’attente, la consommation d'aliments frais ou peu transformés est à privilégier, au nom du principe de précaution.

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/31142457
 

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