Consommation de compléments alimentaires dans une population de 77 000 adultes français: impact sur les apports nutritionnels, les prévalences d’inadéquation et les dépassements des limites de sécurité et identification des prises « à risque » (cohorte NutriNet-Santé)
Publié le 16/04/2019
Eur J Nutr. 2018
Fassier P, Egnell M, Pouchieu C, Vasson MP, Cohen P, Galan P, Kesse-Guyot E, Latino-Martel P, Hercberg S, Deschasaux M, Touvier M.
Introduction : Les compléments alimentaires (CA) sont largement consommés dans les pays occidentaux mais les études disposant de données quantitatives sont rares. Les objectifs de cette étude étaient 1) d’évaluer la contribution des CA vitaminiques et minéraux aux apports nutritionnels usuels et l’impact de la consommation de ces produits sur les prévalences d'inadéquation et les dépassements des limites de sécurité, et 2) de répertorier les pratiques de consommation de CA potentiellement « à risque », dans une large population d’adultes en France.
Matériel et méthodes : Un questionnaire portant sur la consommation de CA durant les 12 derniers mois a été complété par 76 925 sujets de la cohorte NutriNet-Santé deux mois après leur inclusion. Les données alimentaires étaient recueillies à l’aide de 3 enregistrements de 24 heures, auxquels a été appliquée la méthode de réduction de la variance développée par le National Cancer Institute, USA. Les analyses étaient redressées grâce aux données du recensement INSEE (macro Calmar). Les prévalences d’inadéquation étaient estimées par la proportion de sujets dont l’apport est inférieur au besoin nutritionnel moyen.
Résultats : 43% des sujets étaient consommateurs de CA. Les CA contribuaient de manière importante à l’apport nutritionnel total chez les utilisateurs du nutriment spécifique (e.g., 52% pour la vitamine D, 21% pour la vitamine B6 et le rétinol, 19% pour le bêta-carotène et la vitamine C, et 18% pour la vitamine B1). Comparé à l’apport alimentaire seul, l’utilisation de CA contenant le nutriment spécifique conduisait à une diminution des prévalences d’inadéquation de 11% pour la vitamine C, 9% pour le magnésium et 6% pour la vitamine B6 chez les hommes, et de 19% pour le calcium, 12% pour le fer et 11% pour le magnésium chez les femmes. En revanche, les proportions de dépassement des limites de sécurité atteignaient 6% pour le fer et 5% pour le magnésium chez les hommes, et 9% pour le fer chez les femmes, chez les utilisateurs de CA contenant ces nutriments spécifiques. Environ 7% des consommateurs de CA ont rapporté des prises pouvant être qualifiées de « à risque »: 1 372 (4%) fumeurs ou ex-fumeurs consommaient des CA à base de bêta-carotène et 1 023 (3%) participants avaient pris simultanément des compléments et des médicaments pour lesquels des interactions délétères étaient répertoriées dans la littérature.
Conclusion : Cette large étude quantitative souligne une contribution relativement importante des CA à l’apport nutritionnel, ayant pour conséquence une réduction des prévalences d’inadéquation pour plusieurs nutriments mais également une augmentation des dépassements des limites de sécurité, notamment pour le fer. En outre, des pratiques de consommation « à risque » (associations à éviter entre certains CA et certains médicaments par exemple) étaient observées pour une proportion non négligeable de consommateurs de CA.
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/30293178
Fassier P, Egnell M, Pouchieu C, Vasson MP, Cohen P, Galan P, Kesse-Guyot E, Latino-Martel P, Hercberg S, Deschasaux M, Touvier M.
Introduction : Les compléments alimentaires (CA) sont largement consommés dans les pays occidentaux mais les études disposant de données quantitatives sont rares. Les objectifs de cette étude étaient 1) d’évaluer la contribution des CA vitaminiques et minéraux aux apports nutritionnels usuels et l’impact de la consommation de ces produits sur les prévalences d'inadéquation et les dépassements des limites de sécurité, et 2) de répertorier les pratiques de consommation de CA potentiellement « à risque », dans une large population d’adultes en France.
Matériel et méthodes : Un questionnaire portant sur la consommation de CA durant les 12 derniers mois a été complété par 76 925 sujets de la cohorte NutriNet-Santé deux mois après leur inclusion. Les données alimentaires étaient recueillies à l’aide de 3 enregistrements de 24 heures, auxquels a été appliquée la méthode de réduction de la variance développée par le National Cancer Institute, USA. Les analyses étaient redressées grâce aux données du recensement INSEE (macro Calmar). Les prévalences d’inadéquation étaient estimées par la proportion de sujets dont l’apport est inférieur au besoin nutritionnel moyen.
Résultats : 43% des sujets étaient consommateurs de CA. Les CA contribuaient de manière importante à l’apport nutritionnel total chez les utilisateurs du nutriment spécifique (e.g., 52% pour la vitamine D, 21% pour la vitamine B6 et le rétinol, 19% pour le bêta-carotène et la vitamine C, et 18% pour la vitamine B1). Comparé à l’apport alimentaire seul, l’utilisation de CA contenant le nutriment spécifique conduisait à une diminution des prévalences d’inadéquation de 11% pour la vitamine C, 9% pour le magnésium et 6% pour la vitamine B6 chez les hommes, et de 19% pour le calcium, 12% pour le fer et 11% pour le magnésium chez les femmes. En revanche, les proportions de dépassement des limites de sécurité atteignaient 6% pour le fer et 5% pour le magnésium chez les hommes, et 9% pour le fer chez les femmes, chez les utilisateurs de CA contenant ces nutriments spécifiques. Environ 7% des consommateurs de CA ont rapporté des prises pouvant être qualifiées de « à risque »: 1 372 (4%) fumeurs ou ex-fumeurs consommaient des CA à base de bêta-carotène et 1 023 (3%) participants avaient pris simultanément des compléments et des médicaments pour lesquels des interactions délétères étaient répertoriées dans la littérature.
Conclusion : Cette large étude quantitative souligne une contribution relativement importante des CA à l’apport nutritionnel, ayant pour conséquence une réduction des prévalences d’inadéquation pour plusieurs nutriments mais également une augmentation des dépassements des limites de sécurité, notamment pour le fer. En outre, des pratiques de consommation « à risque » (associations à éviter entre certains CA et certains médicaments par exemple) étaient observées pour une proportion non négligeable de consommateurs de CA.
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/30293178