BMJ Open. 2017 7(6):e013718
Deschasaux M, Julia C, Kesse-Guyot E, Lécuyer L, Adriouch S, Méjean C, Ducrot P, Péneau S, Latino-Martel P, Fezeu LK, Fassier P, Hercberg S, Touvier M.
Les autorités françaises envisagent la mise en place d’un logo nutritionnel simplifié en face avant des emballages des produits alimentaires pour aider les consommateurs à faire des choix alimentaires plus favorables à la santé. L’un des candidats les plus documentés (logo nutritionnel 5-couleur/Nutri-score) est basé sur le système de profil nutritionnel des aliments de la British Food Standards Agency (FSA-NPS), un score calculé pour chaque aliment/boisson utilisant la quantité d’énergie, glucides, acides gras saturés, sodium, fibres, protéines et fruits et légumes. Pour évaluer sa pertinence en santé publique, des études ont été conduites sur l’association entre la qualité nutritionnelle du régime alimentaire, mesurée à un niveau individuel par une moyenne pondérée sur l’énergie de tous les scores FSA-NPS des aliments consommés habituellement (index alimentaire FSA-NPS (FSA-NPS DI)), et le risque de maladies chroniques. L’objectif de cette étude était d’investiguer l’association entre FSA-NPS DI et le risque de cancer du sein.
Design : étude prospective, cohorte NutriNet-Santé, France.
Participants : 46864 femmes âgées de plus de 35 ans ayant complété au minimum 3 enregistrements alimentaires de 24 h pendant les 2 premières années de suivi.
Outcome : Les associations entre FSA-NPS DI et le risque de cancer du sein (555 cas incidents de cancer du sein diagnostiqués entre 2009 et 2015) ont été analysées par modèles de Cox à risques proportionnels multivariés.
Un FSA-NPS DI plus élevé (plus faible qualité nutritionnelle du régime alimentaire) était associé à une augmentation du risque de cancer du sein (HRpour 1 point d’incrément = 1,06 (1,02-1,11), p = 0,005 ; HRQ5vs.Q1 = 1,52 (1,11-2,08), p-tendance = 0,002). Des tendances similaires ont été observées chez les femmes en pré-ménopause et en post-ménopause (HRpour 1 point d’incrément = 1,09 (1,01-1,18) et 1,05 (1,00-1,11), respectivement). Cette étude étant basée sur une cohorte observationnelle avec des données alimentaires auto-déclarées, des biais de confusion résiduels ne peuvent être totalement exclus. Enfin, cette approche holistique ne permet pas d’évaluer quel facteur alimentaire en particulier influence le risque de cancer du sein.
Ces résultats suggèrent que les choix d’aliments défavorables à la santé, caractérisés par le FSA-NPS, pourraient être associés à une augmentation de risque de cancer du sein, et sont en faveur de la pertinence en santé publique d’utiliser cette application de profil nutritionnel dans le cadre de mesures de santé publique.