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La redistribution de la consommation de viande permet de réduire de moitié les émissions de gaz à effet de serre liées à l'alimentation : optimisation progressive dans la cohorte NutriNet-Santé

Publié le 29/07/2021
Sci Total Environ. 2021 Oct 1;789:147901. doi: 10.1016/j.scitotenv.2021.147901. Epub 2021 May 24. PMID: 34052500.
Kesse-Guyot E, Fouillet H, Baudry J, Dussiot A, Langevin B, Allès B, Rebouillat P, Brunin J, Touvier M, Hercberg S, Lairon D, Mariotti F, Pointereau P.

Contexte : Les émissions de gaz à effet de serre (GES) liées à l'alimentation proviennent principalement de l’élevage. Les changements de comportements alimentaires progressifs étant plus acceptables pour une transition alimentaire durable, nous avons cherché à identifier des régimes optimisés nutritionnellement adéquats et culturellement acceptables assurant une réduction graduelle des GES, en utilisant les régimes observés d'un large échantillon d'adultes français, tout en considérant le mode de production alimentaire (agriculture biologique vs conventionnelle) et le lien de co-production entre le lait et la viande bovine.

Méthodes : Sur la base de la consommation de 257 aliments biologiques et conventionnels chez 29 413 participants (75 % de femmes, âge : 53,5 ± 14,0 ans) de l'étude NutriNet-Santé, nous avons modélisé des régimes alimentaires optimaux selon des scénarios de réduction de GES par paliers de 5 %, de 0 à 50 % en introduisant des contraintes nutritionnelles (de besoins et épidémiologiques), d'acceptabilité et de coproduits, pour les hommes, les femmes non ménopausées et les femmes ménopausées séparément.

Résultats : La diminution progressive des GES sous ces contraintes a conduit à des régimes optimaux présentant une diminution globale des consommations d’aliments d'origine animale, avec des réductions marquées pour les produits laitiers (jusqu'à - 83 %). La consommation de viande était relativement stable mais largement redistribuée en faveur de la volaille (jusqu'à + 182 %) et du porc (jusqu'à + 46 %) et au détriment de la viande de ruminants (jusqu'à - 92 %). Les quantités de légumineuses augmentaient de façon importante (jusqu'à + 238 %). Plus la réduction des GES liés au régime alimentaire était importante, plus la demande énergétique cumulée (environ - 25 %) et l'utilisation des terres (environ - 43 %) étaient faibles. La proportion d'aliments biologiques passait de ~30 % dans les régimes observés à ~70 % dans les régimes optimisés.

Conclusion : Nos résultats suggèrent que pour atteindre à la fois les besoins nutritionnels de la population et les objectifs environnementaux d'une réduction de 50 % des GES, il est nécessaire de réduire les consommations d’aliments d'origine animale et d’opérer d'importantes substitutions entre les groupes d'aliments d'origine animale, ce qui se traduit par des réductions drastiques de la viande bovine et des produits laitiers. D'autres recherches sont nécessaires pour explorer l'alignement avec les valeurs santé à long terme et les conflits liés à l'acceptabilité, en particulier pour des atteindre des réductions de GES encore plus importantes.

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34052500/

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