Connexion

Publications

Publications scientifiques de la cohorte NutriNet-Santé : Janvier-Avril 2022

Publié le 12/05/2022

Figueiredo N, Kose J, Srour B et al. Ultra-processed food intake and eating disorders: Cross-sectional associations among French adults. J Behav Addict. 2022. doi: 10.1556/2006.2022.00009. 
Lien :
https://akjournals.com/view/journals/2006/aop/article-10.1556-2006.2022.00009/article-10.1556-2006.2022.00009.xml

Consommation d'aliments ultra-transformés et troubles du comportement alimentaire :
Associations transversales chez les adultes français


Natasha Figueiredo*, Junko Kose*, Bernard Srour, Chantal Julia, Emmanuelle Kesse-Guyot, Sandrine Péneau, Benjamin Allès, Indira Paz Graniel, Eloi Chazelas, Mélanie Deschasaux-Tanguy, Charlotte Debras, Serge Hercberg, Pilar Galan, Carlos A Monteiro, Mathilde Touvier, Valentina A. Andreeva.

*Natasha Figueiredo et Junko Kose ont contribué à parts égales à ce travail et doivent être considérés comme premières auteures

Résumé

Contexte : Le lien entre la consommation d'aliments ultra-transformés (AUT) et les troubles du comportement alimentaire (TCA) n’est pas très connu. L’objectif était donc d’étudier si la consommation d'aliments ultra-transformés était associée à différents types de TCA dans un grand échantillon issu de la population générale.

Méthodes : 43 993 participants (âge moyen = 51,0 ans ; 76,1 % de femmes) de la web-cohorte NutriNet-Santé ont été dépistés pour les TCA en 2014 via le questionnaire Sick-Control-One stone-Fat-Food (SCOFF). L'outil d'algorithme ExpaliTM a été utilisé pour identifier quatre types de TCA : restrictif, boulimique, hyperphagique et autres (TCA non-spécifiques). L'apport alimentaire moyen a été estimé à partir d'au moins 2 enregistrements de 24 heures auto-administrés (2013-2015) ; la catégorisation des aliments comme ultra-transformés ou non s'est basée sur la classification NOVA. Les associations entre l'apport en AUT (en pourcentage de la quantité d'AUT (g/j) parmi les aliments consommés, %AUT) et les types de TCA ont été évaluées par les modèles de régression logistique multi-ajustés.

Résultats : 5 967 participants (13,6 %) ont été classés comme étant susceptibles de souffrir de TCA (restrictif n = 444 ; boulimique n = 1 575 ; hyperphagique n = 3 124 ; autres n = 824). Les analyses principales ont révélé des associations positives entre l'apport en AUT et les types de TCA : boulimique, hyperphagique et autres. Les Odds Ratio pour une augmentation absolue de 10 points de pourcentage de l’AUT étaient respectivement de 1,08 (1,01-1,14 ; P = 0,02), 1,21 (1,16-1,26 ; P < 0,0001) et 1,11 (1,02-1,20 ; P = 0,02). Aucune association significative n'a été observée pour les TCA de type restrictif.

Conclusion : Cette étude a révélé des associations entre l'apport en AUT et différents types de TCA chez les adultes français. Des recherches futures sont nécessaires pour élucider la direction des associations observées.




Paz-Graniel I, Kose J, Babio N et al. Caffeine Intake and Its Sex-Specific Association with General Anxiety: A Cross-Sectional Analysis among General Population Adults. Nutrients. 2022;14(6):1242. doi: 10.3390/nu14061242. 
Lien :
https://www.mdpi.com/2072-6643/14/6/1242

La consommation de caféine et son association spécifique au sexe avec l'anxiété générale : analyse transversale chez les adultes de la population générale

Indira Paz-Graniel, Junko Kose, Nancy Babio, Serge Hercberg, Pilar Galan, Mathilde Touvier, Jordi Salas-Salvadó, Valentina A. Andreeva.

Contexte : La caféine est l'un des stimulants psychoactifs les plus consommés dans le monde. Il a été suggéré que la consommation de caféine à fortes doses peut induire l'anxiété. Toutefois, les études sur la consommation faible à modérée de caféine sont rares et les résultats sont incohérents. L’objectif de cette étude était d’évaluer l'association entre la consommation de caféine et l'anxiété générale chez des adultes recrutés dans la population générale.

Méthodes : Les participants de la web-cohorte NutriNet-Santé disposant de données sur la consommation de caféine et l'anxiété générale (évaluée entre 2013 et 2016 par la sous-échelle de trait du questionnaire d’anxiété générale de Spielberger forme Y ; STAI-T, score ≥ 4ème quartile spécifique au sexe = anxiété élevée) ont été inclus dans cette analyse transversale (n = 24 197 ; 74,1 % de femmes ; âge moyen = 53,7 ± 13,9 ans). L'apport alimentaire moyen a été estimé à partir de ≥ 2 enregistrements de 24 heures auto-déclarés. Le lien entre la consommation de caféine (les tertiles spécifiques au sexe) et l'anxiété trait faible/élevée a été évalué par des modèles de régression logistique multi-ajustés en fonction du sexe.
Résultats : La consommation moyenne de caféine provenant de toutes les sources alimentaires était de 220,6 ± 165,0 (en mg/j, femmes = 212,4 ± 159,6 ; hommes = 243,8 ± 177,7 ; p < 0,01). Les femmes au 3ème tertile de consommation de caféine présentaient une probabilité significativement plus élevée d’anxiété élevée par rapport à celles au 1er tertile (référence), même après ajustement des facteurs de confusion potentiels : Odds Ratio (OR) = 1,13 ; Intervalle de Confiance (IC) à 95 % 1,03-1,23. Aucune association significative n'a été observée chez les hommes. Les analyses de sensibilité en fonction du niveau de stress perçu et de la consommation de sucre, respectivement, ont révélé des résultats similaires.

Conclusions : Les résultats suggèrent qu'une consommation plus importante de caféine est associée à une probabilité plus élevée d'anxiété générale élevée chez les femmes, mais pas chez les hommes. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour confirmer les résultats spécifiques au sexe et élucider la relation de cause à effet potentielle entre la consommation de caféine et l'état d'anxiété.




Debras C, Chazelas E, Srour B, et al. Artificial sweeteners and cancer risk: Results from the NutriNet-Santé population-based cohort study. PLoS Med. 2022 Mar 24;19(3):e1003950. doi: 10.1371/journal.pmed.1003950. PMID: 35324894; PMCID: PMC8946744.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/35324894/

Édulcorants artificiels et risque de cancer : résultats de l'étude de cohorte en population NutriNet-Santé

Charlotte Debras, Eloi Chazelas, Bernard Srour, Nathalie Druesne-Pecollo, Younes Esseddik, Fabien Szabo de Edelenyi, Cédric Agaësse, Alexandre De Sa, Rebecca Lutchia, Stéphane Gigandet, Inge Huybrechts, Chantal Julia, Emmanuelle Kesse-Guyot, Benjamin Allès, Valentina A Andreeva, Pilar Galan, Serge Hercberg, Mélanie Deschasaux-Tanguy, Mathilde Touvier

Contexte : L'industrie alimentaire utilise des édulcorants artificiels dans une large gamme d'aliments et de boissons comme alternative aux sucres ajoutés dont les effets délétères sur plusieurs maladies chroniques sont maintenant bien établis. La sécurité de ces additifs alimentaires fait l'objet d'un débat, avec des résultats contradictoires concernant leur rôle dans l'étiologie de diverses maladies. En particulier, leur cancérogénicité a été suggérée par plusieurs études expérimentales mais des preuves épidémiologiques solides font défaut. Ainsi, notre objectif était d'étudier les associations entre les apports en édulcorants artificiels (dans l’ensemble, provenant de toutes les sources alimentaires, et les plus fréquemment consommés : aspartame E951, acésulfame-K E950 et sucralose E955) et le risque de cancer (toutes localisations et par site).

Méthodes et résultats : Au total, 102 865 adultes de la cohorte française NutriNet-Santé (2009-2021) ont été inclus (durée médiane de suivi = 7,8 ans). Les apports alimentaires et la consommation d'édulcorants ont été obtenus par des enregistrements alimentaires répétés de 24h incluant les noms des marques des produits industriels. Les associations entre les édulcorants et l'incidence du cancer ont été évaluées par des modèles de Cox ajustés sur l'âge, le sexe, l'éducation, l'activité physique, le tabagisme, l'indice de masse corporelle, la taille, la prise de poids pendant le suivi, le diabète, les antécédents familiaux de cancer, les apports initiaux en énergie, alcool, sodium, acides gras saturés, fibres, sucre, aliments complets et produits laitiers.Par rapport aux non-consommateurs, les plus grands consommateurs d'édulcorants artificiels (participants dont la consommation est supérieure à la médiane) présentaient un risque plus élevé de cancer global (n=3358 cas, Hazard Ratio (HR)=1,13, intervalle de confiance à 95%=1,03 à 1.25, P-tendance=0,002). En particulier, l'aspartame (HR=1,15 (1,03 à 1.28) P=0,002) et l'acésulfame-K (HR=1,13 (1,01 à 1.26 P=0,007) étaient associés à un risque accru de cancer. Des risques plus élevés ont également été observés pour le cancer du sein (n=979 cas, HR=2 (1,01 à 1,48) P=0,036 pour l'aspartame) et les cancers liés à l'obésité (n=2023 cas, HR=1,13 (1,00 à 1.28) P=0,036 pour les édulcorants artificiels totaux et HR=1,15 (1,01 à 1,32) P=0,026 pour l'aspartame). Les limites de cette étude incluent un biais de sélection potentiel, une confusion résiduelle et une causalité inverse, bien que des analyses de sensibilité aient été effectuées pour répondre à ces préoccupations.

Conclusions : Dans cette vaste étude de cohorte, les édulcorants artificiels (en particulier l'aspartame et l'acésulfame-K), qui sont utilisés dans de nombreuses marques d'aliments et de boissons dans le monde, ont été associés à un risque accru de cancer. Ces résultats fournissent de nouvelles informations importantes pour la réévaluation en cours des édulcorants par l'Autorité européenne de sécurité des aliments et d'autres agences de santé dans le monde.




Association entre les traits psychologiques positifs et les changements de comportement alimentaire durant le premier confinement lié au COVID-19 : une étude en population générale

Auteurs : M. Robert, M. Deschasaux-Tanguy, R. Shankland, N. Druesne-Pecollo, Y. Esseddik, F. Szabo de Edelenyi, J. Baudry, P. Galan, S. Hercberg, M. Touvier, S. Péneau, Groupe d’étude SAPRIS.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34958832/

Introduction : La propagation du coronavirus (COVID-19) a conduit de nombreux pays à mettre en place des mesures de confinement, entrainant des changements dans les comportements alimentaires. Ces changements sont susceptibles de persister à long terme et avoir des conséquences sur la santé. Les traits psychologiques pourraient avoir un impact sur ces changements étant donné leur association avec le comportement alimentaire. Nous avons cherché à déterminer si les traits psychologiques positifs étaient associés aux changements de comportement en matière de grignotage et de consommation alimentaire observés pendant la première période de confinement.

Méthodes : En 2016, les niveaux d'optimisme, de résilience, d'estime de soi, de satisfaction de la vie, de pleine conscience et de maîtrise ont été évalués chez 33 766 adultes de la cohorte NutriNet-Santé. Le grignotage et la consommation de groupes d'aliments ont été évalués entre avril et mai 2020. Les associations entre les traits psychologiques et les changements (pas de changement, augmentation, diminution) de grignotage et de consommation de groupes alimentaires ont été évaluées à l'aide de régressions logistiques. Une analyse des correspondances multiples suivie d'une classification hiérarchique ascendante ont été utilisées pour dériver des groupes de comportements alimentaires. Des analyses de covariance ont été utilisées pour comparer les scores moyens des traits psychologiques entre les groupes. Les analyses ont été ajustées en fonction des caractéristiques sociodémographiques et de mode de vie, de l'anxiété et de la symptomatologie dépressive.

Résultats : Les participants avec des niveaux plus élevés d'optimisme, de résilience, d'estime de soi, de satisfaction de la vie, de pleine conscience ou de maîtrise ont été moins susceptibles de modifier leur comportement de grignotage et leur consommation de divers groupes d'aliments lors du confinement. Les individus présentant des niveaux plus faibles étaient plus susceptibles de faire des changements, qu'ils soient défavorables (par exemple, moins de fruits et légumes, plus de charcuterie) ou favorables (par exemple, plus de pâtes/riz (céréales complètes)). Dans l'ensemble, les individus présentaient des niveaux plus élevés de traits psychologiques positifs dans le groupe "aucun changement de comportement alimentaire", suivi du groupe "changements favorables" et du groupe "changements défavorables" (p < 0,05).

Conclusions : Nos résultats suggèrent que les personnes présentant des niveaux plus élevés d'optimisme, de résilience, d'estime de soi, de satisfaction avec la vie, de pleine conscience ou de maîtrise auraient été moins affectées par le confinement en termes de comportements alimentaires.




La résilience est associée à une diminution des troubles du comportement alimentaire au cours du temps dans la cohorte NutriNet-Santé

Margaux Robert, Rebecca Shankland, Valentina A. Andreeva, Mélanie Deschasaux-Tanguy, Emmanuelle Kesse-Guyot, Alice Bellicha, Christophe Leys, Serge Hercberg , Mathilde Touvier, Sandrine Péneau.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/35162494/

Introduction : La résilience est un trait psychologique positif associé à un plus faible risque de certaines maladies chroniques physiques et mentales et pourrait être un facteur de protection important pour les troubles du comportement alimentaire (TCA). L'objectif de cette étude était d'évaluer les associations transversales et longitudinales entre la résilience et les TCA dans une grande cohorte d'adultes français.

Méthodes : En 2017, un total de 25 000 adultes de la cohorte NutriNet- Santé ont rempli la Brief Resilience Scale (BRS), mesurant la résilience. Les symptômes de TCA ont été mesurés en 2017 et 2020, avec le questionnaire Sick-Control-One-Fat-Food (SCOFF). Les associations transversales et longitudinales entre la résilience et les TCA ont été analysées à l'aide de régressions logistiques, en ajustant sur les caractéristiques sociodémographiques et le mode de vie.

Résultats : Les analyses transversales ont montré que les participants plus résilients présentaient moins fréquemment de TCA que les participants moins résilients (p < 0,0001). Les analyses longitudinales ont montré qu'au cours des trois années de suivi, une résilience plus élevée était négativement associée aux TCA incidents (OR : 0.67, IC95% : 0.61-0.74), aux TCA persistants (0.46 (0.42-0.51)), et aux TCA intermittents (0.66 (0.62-0.71)), par rapport à l'absence de TCA. Les participants les plus résilients étaient également moins susceptibles d'avoir un TCA persistant que de se rétablir d'une TCA (0,73 (0,65-0,82)).

Conclusion : Cette étude a montré que la résilience était associée à une diminution des TCA au cours du temps et à une plus grande probabilité de guérison.




Nitrites et nitrates provenant d'additifs alimentaires et de sources naturelles et risque de cancer : résultats de la cohorte NutriNet-Santé.

Eloi Chazelas, Fabrice Pierre, Nathalie Druesne-Pecollo, Younes Esseddik, Fabien Szabo de Edelenyi,  Cédric Agaesse, Alexandre De Sa, Rebecca Lutchia, Stéphane Gigandet, Bernard Srour, Charlotte Debras, Inge Huybrechts, Chantal Julia, Emmanuelle Kesse-Guyot, Benjamin Allès, Pilar Galan, Serge Hercberg, Mélanie Deschasaux-Tanguy, Mathilde Touvier.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/35303088/

Contexte : Les nitrates et les nitrites sont présents à l'état naturel dans l'eau et le sol et sont couramment ingérés à partir de l'eau potable et de sources alimentaires. Ils sont également utilisés comme additifs alimentaires dans les charcuteries pour augmenter la durée de conservation et éviter la croissance bactérienne. Ces composés pourraient jouer un rôle dans la cancérogénicité de la charcuterie.

Objectif : Étudier la relation entre les apports en nitrates et nitrites (en distinguant les sources alimentaires naturelles, l'eau et les additifs alimentaires) et le risque de cancer dans une grande cohorte prospective avec une évaluation détaillée et actualisée du régime alimentaire.

Conception : Au total, 101 056 adultes de l'étude de cohorte française NutriNet-Santé (2009-en cours) ont été inclus. La consommation de nitrites et de nitrates a été évaluée à l'aide d'enregistrements alimentaires répétés sur 24 heures, reliés à une base de données complète sur la composition des aliments et tenant compte des détails des noms commerciaux/marques des produits industriels. Les associations entre les expositions aux nitrites et aux nitrates et le risque de cancer (global et par principales localisations cancéreuses) ont été évaluées par des modèles de Cox ajustés pour les facteurs de risque connus.

Résultats : Au cours du suivi, 3311 premiers cas de cancers incidents ont été diagnostiqués (dont 966 cancers du sein et 400 de la prostate). Par rapport aux non-consommateurs, les plus grands consommateurs de nitrates provenant d'additifs alimentaires avaient un risque plus élevé de cancer du sein (HR=1,24 (1,03-1,48), P=0,02) ; ceci était plus spécifiquement observé pour le nitrate de potassium (e252, HR=1,25 (1,04-1,50), P=0,01). Les plus grands consommateurs de nitrites provenant d'additifs alimentaires avaient un risque plus élevé de cancer de la prostate (HR=1,58 (1,14-2,18), P=0,008), en particulier pour le nitrite de sodium (e250, HR=1,62 (1,17-2,25), P=0,004). Aucune association significative n'a été observée pour les nitrates et les nitrites provenant de sources naturelles.

Conclusions : Dans cette grande cohorte prospective, les additifs nitratés étaient positivement associés au risque de cancer du sein et les additifs nitrités étaient positivement associés au risque de cancer de la prostate. Bien que ces résultats doivent être confirmés par d'autres études prospectives à grande échelle, ils apportent de nouvelles informations dans un contexte de débat animé autour de l'interdiction des additifs nitrités dans l'industrie alimentaire.

 


Consulter

Association entre l’auto-exclusion du gluten et le syndrome de l’intestin irritable : Résultats de l'étude NutriNet-Santé

Publié le 26/12/2021
Nutrients. 2021 Nov 19;13(11):4147.

Reuzé A, Delvert R, Perrin L, Benamouzig R, Sabaté JM, Bouchoucha M, Allès B, Touvier M, Hercberg S, Julia C, Kesse-Guyot E.

La prise en charge individuelle du syndrome de l’intestin irritable (SII) est de plus en plus orientée vers les régimes d'exclusion. En particulier, les patients montrent un intérêt considérable pour le régime sans gluten dans le traitement du SII. Cependant, l'établissement de recommandations diététiques claires n’est pas possible en l’absence de preuves scientifiques solides et il est nécessaire de considérer que la restriction alimentaire peut entraîner des effets potentiellement indésirables. 

Cette étude transversale vise à explorer la pratique de l'éviction du gluten chez les participants identifiés comme atteints du SII dans une large cohorte d'adultes français non cœliaques. 

La population comprenait 15 103 participants de l'étude NutriNet-Santé qui ont rempli un questionnaire sur les troubles gastro-intestinaux fonctionnels utilisant l’échelle Rome III qui a permis d’identifier le SII en 2013 et un questionnaire sur les exclusions alimentaires en 2016. Des données sur le régime alimentaire et les caractéristiques anthropométriques et sociodémographiques ont été recueillies. Des modèles de régression logistique multivariés ont été utilisés pour comparer l'exclusion du gluten entre les participants atteints de SII et ceux qui ne le sont pas. 

Les participants étaient principalement des femmes (73,4%) et l'âge moyen dans cette population était de 55,8 ± 13,2 ans. Parmi les participants, 804 (5,4 %) ont été identifiées comme des cas de SII. Parmi eux, la prévalence de l’exclusion du gluten a été estimée à 14,8 %, dont 3,0 % ont déclaré une exclusion totale, contre 8,8 % et 1,6 % chez les participants non atteints du SII. Après ajustement, l’exclusion du gluten était plus élevée chez les participants atteints du SII que chez leurs homologues non atteints : (OR = 1,86 ; IC95% = [1,21 ; 2,85]) pour l'exclusion totale et (OR = 1,71 ; IC95% = [1,36 ; 2,14]) pour l’exclusion partielle. 

Les participants identifiés comme souffrant de SII excluaient davantage le gluten que les participants ne souffrant pas de SII. D'autres études sont nécessaires pour explorer les conséquences à long terme des modifications du régime alimentaire et pour proposer des conseils diététiques cohérents et adaptés à la perception des patients.

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34836402/

Consulter

Alimentation et risque d’infection par le SARS-CoV-2 : étude prospective dans la cohorte NutriNet-Santé

Publié le 26/12/2021
BMC Med. 2021 Nov 30;19(1):290.

Deschasaux-Tanguy M, Srour B, Bourhis L, Arnault N, Druesne-Pecollo N, Esseddik Y, de Edelenyi FS, Allègre J, Allès B, Andreeva VA, Baudry J, Fezeu LK, Galan P, Julia C, Kesse-Guyot E, Péneau S, Hercberg S, Bajos N, Severi G, Zins M, de Lamballerie X, Carrat F, Touvier M; SAPRIS-SERO study group.

Introduction et but de l’étude : L’alimentation apporte les nutriments essentiels au bon fonctionnement du système immunitaire et de nombreuses hypothèses suggèrent ainsi un rôle de la nutrition dans la prévention de la COVID-19. Toutefois, il n’existe pas à notre connaissance de données prospectives à ce sujet. Notre objectif était donc d’étudier les associations entre l’alimentation et le risque d’infection par le SARS-CoV-2 dans une large population d’adultes.

Matériel et méthodes : Notre étude est conduite dans la cohorte française NutriNet-Santé (2009-2020). La séroprévalence d’anticorps anti-SARS-CoV-2 a été évaluée à partir de tests ELISA sur des gouttes de sang séchées. Les apports alimentaires ont été estimés à partir d’enregistrements alimentaires de 24h (au moins 6) disponibles dans les 2 ans précédents le début de la pandémie de COVID-19 en France (Février 2020). Des modèles de régression logistiques multiajustés ont été utilisés pour les analyses.

Résultats et analyse statistique : 7766 adultes (70,3% femmes, âge moyen : 60,3 ans) ont été inclus, parmi lesquels 311 étaient positifs pour les anticorps anti-SARS-CoV-2. Les apports alimentaires en vitamine C (OR pour 1 écart-type=0,86 (0,75-0,98), P=0,02), vitamine B9 (OR=0,84 (0,72-0,98), P=0,02), vitamine K (OR=0,86 (0,74-0,99), P=0,04), fibres (OR=0,84 (0,72-0,98), P=0,02), et en fruits et légumes (OR=0,85 (0,74-0,97), P=0,02) étaient associés à un moindre risque d’infection par le SARS-CoV-2. A l’inverse, les apports alimentaires en calcium (OR=1.16 (1.01-1.35), P=0.04) et produits laitiers (OR=1.19 (1.06-1.33), P=0.002) étaient associés à un risque accru. Aucune association n’a été détectée avec les autres groupes d’aliments, nutriments ou profils alimentaires testés.

Conclusion : Des apports alimentaires plus élevés en fruits et légumes et, de manière cohérente en vitamine C, folate, vitamine K et fibres étaient associés à une moindre susceptibilité à l’infection par le SARS-CoV-2. Au-delà de son rôle établi pour la prévention des maladies chroniques, l’alimentation pourrait donc aussi contribuer à prévenir certaines maladies infectieuses comme la COVID-19.

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34844606/

Consulter

Oligosaccharides, disaccharides, monosaccharides et polyols fermentescibles (FODMAPs) et risque de cancers dans la cohorte prospective NutriNet-Santé

Publié le 26/12/2021
J Nutr. 2021 Oct 29:nxab379.

Debras C, Chazelas E, Srour B, Julia C, Schneider É, Kesse-Guyot E, Agaësse C, Druesne-Pecollo N, Andreeva VA, Wendeu-Foyet G, Galan P, Hercberg S, Deschasaux-Tanguy M, Touvier M.

Contexte : Il a été démontré que les oligosaccharides, disaccharides, monosaccharides et polyols fermentescibles (FODMAPs) sont impliqués dans les troubles gastro-intestinaux. Compte tenu de leur potentiel pro-inflammatoire et de leurs interactions avec le microbiote intestinal, leur contribution à l'étiologie d'autres maladies chroniques telles que le cancer a été postulée. Cependant, aucune étude épidémiologique n'a jusqu'à présent étudié cette hypothèse.

Objectif : Notre objectif était d'étudier les associations entre l'apport en FODMAP (total et par type) et le risque de cancer (global, sein, prostate et colorectal) dans une grande cohorte prospective.

Méthodes : L'étude était basée sur la cohorte NutriNet-Santé (2009-2020) ; 104 909 participants adultes sans cancer au départ ont été inclus dans nos analyses (durée médiane de suivi=7,7 ans, 78,7% de femmes, âge moyen à l’inclusion 42,1 ans (écart-type=14,5)). Les apports alimentaires ont été obtenus à partir d'enregistrements alimentaires de 24 heures répétés, liés à une table de composition alimentaire détaillée. Les associations entre l'apport en FODMAP (exprimé en quintiles, Q) et les risques de cancers ont été évaluées par des modèles de Cox à risque proportionnel ajustés sur de nombreux facteurs de confusion liés au mode de vie, à des facteurs sociodémographiques et anthropométriques.

Résultats : La consommation totale de FODMAP était associée à une augmentation du risque de cancers au global (n=3374 cas incidents, Hazard Ratio (HR) pour le quintile 5 par rapport au quintile 1 : 1,21 ; intervalle de confiance à 95% (IC)=1,02-1,44 ; P=0,04). En particulier, les oligosaccharides étaient associés au risque de cancers : une tendance a été observée pour les cancers totaux (HR Q5 vs. Q1=1,10 ; IC 95%=0,97-1,25 ; P=0,04) et le cancer colorectal (n=272, HR Q5 vs. Q1=1,78 ; IC 95%=1,13-2,79 ; P=0,02).

Conclusions : Les résultats de cette étude à grande échelle basée sur la population adulte française de la cohorte NutriNet-Santé montrent une association significative entre la consommation de FODMAP et le risque de développement d'un cancer. D'autres études épidémiologiques et expérimentales sont nécessaires pour confirmer ces résultats et fournir des données sur les mécanismes sous-jacents potentiels.

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34718693/

Consulter

Les résultats clés du projet français BioNutriNet sur les régimes incluant des aliments biologiques : description, déterminants et associations avec la santé et l'environnement

Publié le 26/12/2021
Adv Nutr. 2021 Oct 18:nmab105.

Kesse-Guyot E, Lairon D, Allès B, Seconda L, Rebouillat P, Brunin J, Vidal R, Taupier-Letage B, Galan P, Amiot MJ, Péneau S, Touvier M, Boizot-Santai C, Ducros V, Soler LG, Cravedi JP, Debrauwer L, Hercberg S, Langevin B, Pointereau P, Baudry J.

Peu d'études ont exploré les relations entre la consommation d'aliments biologiques, les habitudes alimentaires, le coût monétaire du régime, la santé et l'environnement. Pour répondre à ces questions, un consortium français a lancé le projet BioNutriNet en 2014. De nombreuses études ont été menées pour caractériser les consommateurs de produits biologiques et leur alimentation en lien avec 1) les pressions environnementales (les émissions de gaz à effet de serre, la demande d'énergie et l'utilisation des terres) et 2) la santé. Les consommateurs de produits biologiques présentent un régime alimentaire nutritionnellement plus sain et plus riche en aliments d'origine végétale que les non-consommateurs de produits biologiques. Leur régime alimentaire (bio et plus végétal) était associé à des coûts monétaires plus élevés, à des impacts environnementaux moindres et à une exposition réduite à certains résidus de pesticides de synthèse. La consommation régulière d'aliments biologiques est associée à un risque réduit d'obésité, de diabète de type 2, de cancer du sein post-ménopause et de lymphome non-hodgkinien. Bien que certaines associations aient été confirmées par plusieurs autres études, nos résultats nécessitent d'être reproduits dans d'autres contextes culturels et couplés à des études expérimentales pour être confirmés. S'il est vrai que la consommation d'aliments biologiques pourrait être associée à des externalités positives tant sur la santé humaine que sur les ressources et l'environnement, les régimes incluant des aliments biologiques doivent s'accompagner d'une réorientation vers des régimes à base de végétaux pour permettre une meilleure santé planétaire et humaine.

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34661620/

Consulter

Il n'y a plus d'articles

Publications